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  • Marseille Bateau Ivre

     

     

    Marseille est ville pour les mots. À la lettre et dans tous les sens.

    Mots retranchés ou qui en rajoutent, paroles de faconde ou phrases muettes des roucas.

    Les écrivains l’ont traversée dans toutes les circonstances, villégiature, exil, patrie d’enfance, expérience mystique, pays d’adieu, vagabondage, et lui ont déposé leurs pages de transit d’un jour, d’un an ou d’une vie.

    Rimbaud, mort à Marseille à l’hôpital de la Conception (dans le plus troublant acte de poésie qui soit) nous a laissé son Bateau Ivre, habité en sculpture d’Amado sur la plage du Prado. C’est ce promontoire inspiré qui  nous tiendra lieu d’arche de ferveur à partager.  

     

    Marseille Bateau Ivre, notre commune embarcation.

     

    Ici, face à la mer, le Scriptorium à ciel ouvert accueillera des mots et des moments qui ont choisi de saluer Marseille, chacun à sa façon.

     

                                                                                       Dominique Sorrente

     

     

     

  • Le dit de la neige

     

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    Heureux les enfants de neige qui se sont fait bonshommes.

     

    À l’angle mort des lumières, ils sifflent de l’un à l’autre

    pour une branche où se dessine un bras,

    deux gros cailloux pour voir de leurs seuls yeux,

    une écorce qui se fera chapeau.

     

     

    À l’éclaircie de quelques mots,

    vous les mettez à découvert, enfants prodigues

    qui ne veulent plus repartir,

    tant que le jour n’ aura pas fondu tout entier sur leurs mains.

     

     

    Alors, et sans attendre, connaissant déjà tout

    du temps inculte ou disloqué,

    ils signent le moment fantasque

    qui les a mis au monde. 

     

     

     

     

                                                                                  Dominique Sorrente

                                                                                                           Le dit de la neige (extrait)

  • Nuit de Chine pour la Tablée des poètes 2002

     

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    La deuxième Tablée des poètes du Scriptorium s'est tenue le 14 décembre 2002 au restaurant Le Phénix d'or à Marseille. Un bout de muraille percée à côté des clameurs du Vélodrome. Nous y étions…

     

    " Nous suons, nous peinons, comme bêtes de somme.

    Et pour qui ? Pour lui seul ; nous n'en profitons pas :

    Notre soin n'aboutit qu'à fournir ses repas."

     

    La Fontaine, Les membres et l'estomac, III, (1668-1678)

     

    J'ignore si les messires Gaster, papilles et autres consoeurs ont apprécié la pause gourmande organisée pour la seconde année consécutive par le Scriptorium. Mais sur la table du Phénix d'Or, on a pu voir circuler de part en part, des assiettes royales avec beignets de nems, salades au crabe et raviolis chinois. Puis, dans une deuxième phase, toujours en regardant ses baguettes, tâter tout à tour du poulet sur plaque, du porc sauce piquante, du canard laqué et des crevettes aux légumes. Sans oublier le riz cantonais qui coulait comme de la soie à côté d'un rosé servi frais. Plus tard, il m'a semblé que l'invisible cuisinier qui nous nous nourrissait était venu nous parler de laque, de nacre et d'ivoire. Évidemment, c'était pour nous désigner de succulents dés de nougatine, le dessert.

     

    Impossible également, lors de cette rencontre "Poésie de Chine" proposée par le poète Dominique Sorrente à ses convives et amis poètes, de ne pas tirer l'aliment poétique qu'ils étaient venus chercher. C'est que le souci pédagogique que le poète partage de coeur avec ses discernements imaginaires nous ont vraiment permis d'engager cette marche tant attendue vers la poésie. Marche nonchalante vers laquelle il sait nous conduire " la main tenant" comme il le confiait déjà dans un des ses précédents parcours poétiques "La terre accoisée". Par exemple, à l'un des carrefours de paroles de la tablée, il eut cette trouvaille un peu intrigante. À l'origine , disons une sorte de jeu de dix-neuf cartes (nous étions dix-neuf à table), et sur chacune, la possibilité d'inscrire une forme poétique librement inspirée de la Chine.

     

    À chaque invité donc, sa mesure de grains de poésie. Leur réunion, on l'aura compris, a ainsi pu constituer le socle de notre univers présent. On a pu ainsi apprécier un distique de Geneviève Liautard :

     

    "Lorsque passe une cigogne, suis-là du regard :

    Elle porte sur son dos, n'en doute pas : un Immortel."

     

    Ou bien encore, un alexandrin d' André Ughetto, dédié à la paix, terme dont le caractère chinois permet en l'espace d'un ou deux tracés simplifiés de voir fraterniser l'équilibre et l'harmonie :

     

    " La paix étale comme un lait de lune sur le lac."

     

    Sans oublier l'ivresse triomphante, jamais morose d'autres "bijoux" poétiques dans le cadre étroit d'un quatrain ou dans l'envol fougueux d'un verset de l'Empire du milieu.

     

                          Chantal Leclerc-Jouisse

     

               DÉCEMBRE 2002