BIO DÉGRADABLE
Naissance : Milieu de nulle part, au milieu du dernier siècle
Décès : mention à compléter à convenance mais sans précipitation intempestive
Enfance figue et marron, olympienne et sablonneuse, vent d’ouest et mistral gagnant, bon élève en général mais renvoyé un jour de l’École pour cause de poésie ; ne s’en est jamais vraiment remis.
Adolescence : tout à signaler
Âge adulte : à partir de 1978 ( parution de Citadelles et Mers-édition de la revue Sud), commence la poursuite à épisodes des poèmes de la maturité qui ne cesseront depuis d’être déplacés au lendemain.
Une étagère de carnets gribouillés, des publications en veux-tu en voilà, une vingtaine de livres, et le flot en continu d’un journal de bord: la quête est loin d’être épuisée tandis que le public semble l’être parfois.
Trois formes d’expression se dessinent et se répondent au cours des années : la poésie en sentinelle des instants, la micro-fiction pour la part d’insolite, la chanson et ses cordes sensibles.
Depuis un peu plus de vingt ans, Dominique Sorrente anime un objet poétique non identifié, le groupe du Scriptorium, qui tient une bonne place dans l’univers des introuvables.
La cause de ce poète étant désespérée, elle finira bien par cesser d’être grave…
Pour en savoir plus, on peut se référer à la page wikipedia à son nom.
ACTUALITÉ
2021 Création du poème Doux émois pour douze mois, poème pour 2021 ( musique Jean-François Delfour )
Action Printemps des Poètes en mars "12 désirs font une année avec Dominique Sorrente"
Membre du jury du concours de poésie de la CCFI de Flandres
à paraître Marseille, terrain vague, dans la revue EUROPE
2020 Publication en livre de À la digue du Large , accompagné de pastels de Gilles Bourgeade, éditions Tipaza
Publication de Passagers de la Tourmente, soudain immobilisés, dans la revue des ARCHERS n°36-37
Publication de Passage sans témoin et autres poèmes, revue PHOENIX, n°33
Publication de Une fin du monde en passant, revue VOIX D'ENCRE n°63
Publication de Pour cette fois et autres poèmes, revue ALSACIENNE de LITTÉRATURE, n°133
Publication de Le couloir aux ancêtres (extraits), revue Le JOURNAL DES POÈTES, N°2 - 89 ème année, Belgique
Publication de Retour au calme, LA GRAPPE n°100
à noter:
étude de Olivier BOURA, Dominique Sorrente, Écrire la vie constellée, revue PHOENIX, n°33
Participation (juillet 2020) au festival numérique Découvrir de Concèze
chansons et poèmes de confinement à retrouver sur la Chaîne Youtube: https://www.youtube.com/user/dominiquesorrente
QUELQUES TEXTES
La poésie est un sport de glisse
À l’instar du saut en largeur, qu’elle a pu parfois saluer comme une discipline sœur, car inconnue au bataillon, la poésie n’a pas toujours été reconnue comme un sport à part entière.
Peut-être à cause de la pratique du jeu de jambes dans la création au lit, souvent invisible pour les spectateurs ordinaires, ou encore pour la raison que son terrain de jeu n’a jamais pu être contenu dans un espace maîtrisé comme un échiquier ou un stade de football ou même un rink de curling.
Il s’avère que la poésie, tout au long de son histoire, a su emprunter à de nombreuses activités sportives plus ou moins reconnues ou même avouables. Du jeu d’échecs, elle a appris la façon de déjouer la diagonale du fou ou donner à la reine la meilleure part infatigable. Au curling qu’elle a souvent fréquenté, elle a engrangé l’art mystérieux de la glissade puis du balayage sur la glace qui accompagne la pierre pour l’échauffer, mais avec l’interdiction absolue de la toucher. Juste un geste d’effleurement sans contact! Avec la sioule la poésie s’est trouvé des ressemblances inattendues :gestes intempestifs, acharnements verbaux, ferveur réclamant désordre, pour arriver au résultat, somme toute modeste, de mettre la balle dans l’en-but adverse, quitte à se déchirer les ischio - jambiers ou la chemise. Tant de brouillons pour décrocher l’inutile…
Mais c’est sans doute dans l’univers des sports de glisse que la poésie s’est le plus montrée à son aise, capable de performances que les commentateurs ne parviennent toujours pas à nommer.
Le fait de tirer parti d’un sol instable pour changer son mode de locomotion, le plaisir d’opérer des dérapages vaguement maîtrisés, l’art des zigzags et des sauts dans l’inconnu, la science des queues de poisson et des slaloms entre les mots, sans compter l’invention renouvelée de cabrioles dans le langage, tout cela fait de la poésie une catégorie à part dans les sports de glisse.
Si néanmoins, aujourd’hui encore, la poésie ne participe pas aux compétitions de sport de glisse répertoriées, c’est pour plusieurs raisons : la première est que les poètes restent réfractaires aux contrôles anti-dopage impromptus, la poésie réclamant sa part irréductible de préparatifs secrets ; une autre raison est que leur pratique est l’une des rares avec le saut d’obstacle ou le dressage en équitation à accueillir dans un même élan l’ensemble des sexes (masculin, féminin, neutre, hermaphrodite, ange, ne sait pas), les poètes refusent ainsi, on comprend leur prudence, de se laisser enfermer dans des catégories suspectes ou surannées.
Mais l’essentiel est, comme souvent, ailleurs. La vérité est que les poètes ne sont pas gens mesquins à se contenter d’une seule discipline et que, de plus, ce mot leur fait froid dans le dos et sous les pieds. Oui, la poésie est bien un sport de glisse, toutes les odes au col du fémur pourront en témoigner, mais elle peut aussi, au gré des humeurs, devenir sport de raquette (il faut garder en tête les smashs de haïkus au filet, les revers liftés dans le sonnet shakespearien) ; elle sait également trouver son épanouissement dans les pratiques d’endurance (on n’oubliera pas ici la récitation ininterrompue du Kalevala lors des hivers finnois jouant les prolongations). Personne enfin ne passera sous silence l’art consommé de la poésie quand elle se fait sport de cible. Honneur à l’usage de flèches assassines ou magistrales qu’un seul vers, bien exécuté, peut asséner.
Alors, me direz-vous, la poésie non encore reconnue dans les sports répertoriés, n’est ce pas un mal pour un bien ?
La sagesse populaire a déjà répondu : c’est reculer pour mieux sauter.
Publié dans le revue BACCHANALES, n°57, octobre 2017
***
Et ping et pong
(performance en un seul set)
Mots lancés, mots rebonds,
et ping
et pong,
pour que le mécanisme marche, il faut une balle
consentante,
une raquette
stimulante,
puis une main et un poignet à peu près souples
pour inventer
un geste maîtrisé
et s’y tenir
pour que ça marche
un mouvement
régulier, autant que faire
se peut,
un rythme
continu, qui s’installe peu à peu
comme une cadence obsessionnelle
et au bout de
tout ce temps,
on se dit
qu’on a peut-être
trouvé le secret
du pendule, de la balance, du sémaphore,
du moteur à deux temps,
la pulsation sans origine
et sans fin,
on est entré
dans la séquence
de la boucle invariante,
alors enfin
on se prépare
à changer d’heure
et de statut
et de bruitage
mots lancés,
mots rebonds
et ping
et pong
alors enfin
on peut sortir
du cercle qui n’a de cesse
et sans raison
et ping
et pong
alors enfin
la vie la mort
la mort la vie
d’un seul coup
d’un seul
publié dans la Revue des ARCHERS n°31 – décembre 2017
***
LES IVRES VIVANTS - CHANSON
( paroles et musique de Dominique Sorrente)
O ma passante
Ma compagne d’ailleurs
Dis-moi dis-moi
Quand viendra l’heure
De ton sourire de menthe
O ma lointaine
Qui marches en bord de Loire
Dis-moi dis-moi
Quand nous revoir
Quel jour quelle semaine
Tournent les nuits et les jours
Les saisons, les visages
Côté jardin côté cour,
On est tous de passage
Et l’on attend l’instant,
La caresse d’or
Et le corps à corps
Des ivres vivants
O ma promise
Ma si proche inconnue
Dis-moi dis-moi
Si tu as vu
Mon bout de terre promise
O ma rieuse
Ma complice égarée
Dis-moi dis-moi
Dans quel été
Vit notre histoire heureuse
Dansent les mots et les phrases
Les étoiles et les pierres
Les adieux font table rase
Mais le cœur est trop fier
Et l’on attend l’instant
La caresse d’or
Et le corps à corps
Des ivres vivants
page créée en février 2018 et actualisée
photo Audrey Gambassi