31 mai 2017
NICOLAS ROUZET
Né en 1970. Enfance à Dunkerque.
Sa mère enseignante lui transmet le goût des lettres (et le goût du Beau partagé avec son père décorateur). Les parents se séparent vite. Encore enfant, il croise Pierre Dhainaut à des vernissages; se familiarise avec la peinture flamande et l'oeuvre de Paul Delvaux, avale des kilomètres de films dans un ciné-club.
"Quand on aime, il faut partir" (Blaise Cendrars)
A 18 ans Nicolas Rouzet se retrouve matelot à Mururoa. Au retour, études d'Histoire de l'Art à Paris, années de formation esthétique et spirituelle, de deuil aussi. En 2000, s'installe dans les Cévennes avec son épouse, y naîtront deux enfants. Rencontre Jacques Gasc qui l'encourage à écrire.
2006, arrivée à Marseille où il rencontre Dominique Sorrente, Marie-Christine Masset, André Ughetto, Leonor Gnos. Lit les poètes russes et se met à l'apprentissage de leur langue. Publie des notes de lecture dans la revue Phoenix.
Liens
www.recoursaupoeme.fr/poètes/nicolas-rouzet
https://sites.google-com/site/revuepaysagesecrits/archives/numero-24
www.cequireste.fr/nicolas-rouzet/
www.scriptorium-marseille.fr/tag/nicolas+rouzet
Bibliographie
Au seuil de la demeure, Encres Vives, 2004
Le refuge inachevé, Encres Vives, 2007
L’envers du décor, Encres Vives, 2009
Le voyage sans retour de Juan Martinez, E.V, 2009
Le silence de madeleine, E.V, 2009
La ville est autre, E.V, 2009
La chartreuse de Sélignac, E.V, 2011
La visiteuse, éditions MLD, 2011
Il fait tard dans ma nuit, La Porte, 2013
A l’approche d’Agnès et d’Ermessen, E.V, 2014
Le testament de Qu Yuan, E.V, 2014
Terminus Nord, La Porte, 2016
Anthologies
Cent poètes de Méditerranée, Jacques Basse, Rafaël de Surtis
Visages de poètes, tome 2, Jacques Basse, Rafaël de Surtis
Portrait de groupe en poésie, le Scriptorium, éd. BOD
Accordez-on ( 15 ans du Scriptorium )
Ma bibliothèque
Pierre Dhainaut - Anna Akhmatova - Ossip Mandelstam - Marina Tsvetaeva - Dostoïevski - Jean Malrieu - Baudelaire - Blaise Pascal - Louis Calaferte - Ivan Bounine
La visiteuse
(extrait)
Malheureusement, même en ce lieu où je suis venu tenter de fuir ma "Visiteuse", d'infimes détails, mes itinéraires les plus ordinaires, me ramènent sans cesse à sa pensée et au souvenir du printemps que nous avions passé ici.
Ainsi je n'ai pu m'empêcher de reprendre ce même chemin bordé de ronces, cette année couvert de mûres malgré la saison tardive. Le jus bleu-rouge abandonne sur mes doigts égratignés un arrière-goût amer...
Il y a dans l'air la même douceur que l'année où je me promenais avec elle, sur ce sentier d'épineux où elle allait avec insouciance, dans une robe légère dont la blancheur faisait triompher le hâle de sa peau. Autour de moi, j'observe les mêmes chuchotements intimes, froissements d'ailes parcourant les taillis... Vers les crêtes, on entend la rumeur de troupeaux invisibles : cette année-là, ils partaient; aujourd'hui, ils reviennent.
Alors que nous marchions dans toute cette blancheur, un peu enivrés par la transparence du printemps, nous fûmes surpris par des traînées de corbeaux qui s'ébrouaient en nous fixant de leurs petits yeux insolents; ils s'agitaient dans un mouvement de cendres, d'ailes charbonneuses. Le chemin de ronces aboutissait vers une clairière de buis. Là nous attendait une charogne, un délicieux festin de puanteur. L'animal grouillait, exhibant sa toison vers le ciel, les jambes en l'air comme une femme lubrique. Tout m'apparut alors d'une beauté suspecte, insupportable, dans ce paysage trop vert, d'une douceur hypocrite; je regardais avec dégoût les collines odorantes, les hautes prairies caressées par les vents...
Editions MLD, 2011
Concert de carillons
à Jacqueline et Pierre Dhainaut
Hors de ses gongs
L’horloge
sonne encore
Mais l’ombre se détache
de son corps
Que l’on se taise
ou que l’on parle
tout passe par le silence
Chaque instant s’entraîne
pour un instant
Mais que craignons nous?
à l’écoute
de ces beffrois solitaires
d’où le vent rogne
les concerts des carillons
Cette mélodie
l’air y tremble
qui connaît tout de nos misères
de la perfection du monde
(paru dans Diérèse numéro 66 merci à Daniel Martinez )
Je marche de nuit
Je marche de nuit
sur ce mauvais chemin
sans repos
Je ne peux dormir
tant mes rêves
sont feux de broussailles
chevaux fous qui renâclent sans trêve
sous les ordres de ce capitaine cruel
(ma conscience absente)
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Crédit photo : Olivier Rouzet
22:28 Publié dans Scriptothèque | Lien permanent | Commentaires (0)
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