Juste un soleil gagnant
dans l’anneau de Saturne,
à force de poser des guirlandes
sur le noir du ciel,
juste un matin rieur
qui passe par la brèche,
à s’offrir des instants-cadeaux
en potlatch
comme de vrais bonjours réciproques,
chapeau bas.
Juste un matin,
comme on n’en fait plus,
un matin
comme on en réclame encore.
Et nous, jouant à nouveau
à déverrouiller
le trou défendu,
à descendre, lampe frontale, dans la pénombre,
à fouiller l’espérance
au fond de la boîte de Pandore,
nous, jouant à nouveau
à coller au mur les têtes blafardes des sérieux,
à placer les bougies de feu dans les betteraves,
à sucer des crottes d’ours à la réglisse,
à nous redresser de toute notre petite taille,
à couvrir de notre manteau
la croix de neige qui a froid,
à ramasser le paquet délaissé dans le fossé,
à fixer la pleine lune,
les yeux écarquillés,
nous, jouant à nouveau,
passants de toujours,
le nez retroussé vers le firmament,
nous, sans table à calcul, comptant
les pas des jours qui s’allongent, avec
le droit de réapprendre
d’un mot à l’autre
à prononcer l’alphabet du poème,
nous, jouant dès l’aube
dans l’ailleurs ici
à chercher une histoire
pour ceux qui ne voudraient pas nous croire.
Juste un matin,
comme on n’en fait plus,
un matin
comme on en réclame encore.
Dominique Sorrente