à ceux de la bande à Charlie,
à leurs proches, aux ami-e-s inconnu-e-s
du 7 janvier 2015
Alors Bran monte sur son tabouret, un coquelicot entre les lèvres. Et il ouvre les guillemets : « Puisque Dieu-unique-grand vengeur débarque ainsi avec vos joujoux tueurs entre les mains pour faire de tels ravages, je salue Dieu-le-petit, le minuscule, le rabougri, le souffreteux, le malingre, le sans article défini, la petite chose, le rien du tout, le si invisible qu’il n’a plus besoin de vos délires boursouflés pour pisser comme il l’entend sur le bord du chemin et blaguer de bon cœur avec les vaches de derrière les barrières. Je salue Dieu-bulle d’air sans prête-noms, Dieu d’une maille à l’envers et une maille à l’endroit, le faufilant dans le filet de toutes les croyances, je salue Dieu-brin d’herbe et moins, si affinités, et moins encore au fil de l’eau lonlère, lon la… »
Bran a épuisé son stock de salive, il emporte avec lui les guillemets pliés. De sa poche trouée il sort ensuite un mouchoir en papier pas encore mâché au dos duquel il s’envole. À la grande surprise des aiguilleurs du ciel. Et toc ! Cloués au sol, ceux dont les oreilles sifflent de cris et qui cognent les murs en pure perte de leurs impacts prophétiques.
Ni vu, ni connu, Bran, pendant ce temps, parti dans la trouée d’un nuage. On l’entend juste grommeler dans une langue connue de lui seul, et encore les jours de premier quartier de lune, ces quelques mots : « faut pas charrier, à la fin… »
Dominique Sorrente
Commentaires
amusant/émouvant
merci
Merci à Bran d'avoir ouvert les guillemets pour nous parler de Dieu-le-petit qui est sans nul doute l'ami des poètes. Et s'il grommelle, grommelons avec lui : faut pas charrier, à la fin.... tous à nos crayons !