La rencontre intervalle d'automne ELÉMENT TERRE s'est déroulée le 27 novembre dernier à la salle Tempo-Sylvabelle à Marseille.
Avant d'entrer dans l'heure du Feu (prochain rendez-vous du Scriptorium en janvier), retour sur ce moment et quelques morceaux choisis.
Un intervalle ? Ce n’est pas un atelier, ni une conférence, ni une simple lecture. Mais plutôt un moment à part, prélevé sur la vie quotidienne, fait de partage et d’interactivité où les textes se croisent et se répondent. La rencontre de ce samedi 27 novembre, dans la salle Tempo-Sylvabelle, s’inscrivait dans le cadre d’un cycle consacré aux éléments, où il était question de «terre». Près d'une quarantaine de participants, dans un bel éventail de générations, avait pris place autour de la table des scripteurs. Comme à chaque fois, l’intervalle a misé sur l’équilibre entre création et transmission, expressions des voix présentes ou représentées, et textes d’auteurs, nourrissant des échanges d'une belle richesse, entre humour, sérieux et émotion.
L’élément terre, medium de la rencontre, a pu ainsi se décliner en différents itinéraires : terre immédiate et secrète, enfouisseuse et nourricière, sédentaire et nomade, stable et tremblante, surface et profondeur. Terre déclinée de mille manières, où il fut question de musique, d'art, de traduction littéraire et de rythme, sans oublier la part d’inconnu qui détermine aussi notre relation à l'élément. On a pu entendre Martial Teboul, à travers deux extraits d'une série de vingt textes dédiés à la terre, scandant ses appels du « je » intime, Leonor Gnos, en phrasé musical d'un poème-prière, en alternance de ton avec "La terre est couleur marron" de Christophe Tarkos, Patrick Druinot dans son évocation du voyage de l'ombre vers la lumière, Thérèse Basse, contant une légende navajo, chant de "L'esprit de la terre"et Philippe Deniard dans un sonnet dédié à la terre généreuse du cultivateur.
Aux côtés des scripteurs se sont jointes au partage des voix nouvelles, comme celles de Florence Gamet prêtant sa latinité à la version originale du poème "La terre" (1) de Pablo Neruda, en écho à Dominique Sorrente pour la version française, Michel Tabau dans sa lecture et sa traduction d'un poème d'Heinrich Lerch, Daniel Labedan, en approche de Terre sous l'angle de l'humanité et de la modernité, et retransmettant la voix singulière de Sophie G. Lucas (2). Entre autres îlots de poésie, Thérèse Defresne emmenait l'assemblée vers l'horizon de la Grèce et Brigitte Lemaire-Sicre modelait ses mots autour du travail du potier.
À mi-parcours, Marien Guillé proposait une création originale en compagnie de Mathilde Audin, performance entre lecture et mouvement, à partir de ses mots en consonance avec ceux de l'écrivain Dominique Sampiero.
Les absents avaient aussi leur place, dans cette tradition instaurée du groupe qui veut que le partage de parole s'étende aux scripteurs hors les murs, confiée à la voix des présents, donnant à entendre les compositions d'Angèle Paoli, d'Olivier Bastide, de Françoise Donadieu. Une façon pour de nouvelles voix aussi de transmettre les mots d'amis inconnus.
C’est la terre.
ne lui demandez rien de plus, avait annoncé le poème de Dominique Sorrente.
Après trois heures pleines de ces paroles croisées, l’intervalle se refermait, convaincu de la fertilité à vivre à plusieurs l’humus, toujours remuant, qui ici, « entre gouffre personnel et jubilation de nommer » s’appelle poésie.
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Album-photo de la rencontre en cliquant sur l'image du chat-poète :
- (1) P. Neruda, extrait du recueil Les vers du capitaine
- (2) Moujik Moujik, Sophie G. Lucas (Éditions des États civils, 2010)
- Quelques poèmes de la rencontre ICI