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ISABELLE ALENTOUR

 avril 2014 Toursky.jpg

Je ne fais pas partie de ces personnes qui peuvent dire J’écris de la poésie depuis toujours.

 

Je peux par contre dater très précisément le moment où l’écriture poétique est venue à moi. C’était en avril 2011, c’est-à-dire dans une période charnière de mon parcours professionnel où je faisais le choix de quitter le monde de la recherche scientifique pour me consacrer entièrement à une pratique clinique.

Sans savoir ce que je faisais j’ai commencé à poser des mots sur le blog d’une amie photographe. Chaque jour. Sans chercher à comprendre. Dans un état de douce euphorie et d’étonnement, dont je n’ai compris après-coup qu’il était de ceux qui caractérisent une vraie rencontre.

Dans cette même période je faisais la connaissance d’Angèle Paoli, quelque part sur la côte ouest du Cap Corse. Celle que je considère aujourd’hui comme ma Marraine en poésie m’encourage dans mes premiers pas d’écriture.  A son invitation je fais la connaissance de Dominique Sorrente et j’intègre Le Scriptorium, pour un compagnonnage très fécond qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.

 Plusieurs années auparavant avait eu lieu ma rencontre avec la psychanalyse et une longue fréquentation, côté divan, puis côté fauteuil. Qui l’a vécu sait combien c’est une expérience forte que de se laisser surprendre par ce que l’on dit, de faire l’expérience que les mots nous précédent. A cet égard je rejoins ici pleinement Caroline Sagot-Duvauroux qui indique qu’en poésie comme en amour il s’agit d’oublier la connaissance et de retrouver une innocence proche de l’ignorance afin que quelque chose que l’on n’attendait pas puisse éclore. 

Ce qui fait la spécificité de cette écoute est la prise en compte du poids des mots, de leur matière sonore et de leur équivocité aux dépens de leurs significations évidentes ; une sensibilité à l’ambiguïté des mots, à leur récurrence, à leurs associations et leurs reprises dans le discours, une attention au travail de métaphorisation, d’allusion, de détournement de la langue.

On voit là qu’on n’est pas bien loin de la poésie. 

 

Je dirais donc que j’écris comme j’écoute, en permanence, dans une attention flottante au monde et à mes semblables qui l’habitent et y parlent, à partir de toute situation vécue qui me touche, me heurte, m’enchante.

À partir de ce qu’il y a de plus singulier en moi aussi, et comme une invitation pour le lecteur à se dévoiler, se révéler ou à reconnaître en lui qui il est. 

 

 

(pour en savoir plus : https://www.terreaciel.net/Isabelle-Alentour#.WkYsgtLiaUk)

 

 

Bibliographie :

 

Depuis 2014 nombreuses parutions en revues papier :

- Décharge, Thauma, Phoenix, Les Archers, Dissonances, La Piscine, FPM, Ecrits du nord (Editions Henry).

Et numériques :

- Possibles, Terre à Ciel, Ce qui Reste, Recours au poème.

 

Des participations à des anthologies et collectifs :

- Anthologie poétique Terra di donne, Angèle Paoli (dir), Eds Les lisières 2017

- Dehors, recueil sans abri,  Eds Janus 2016

- Depuis quand n’avez-vous pas vu une telle lumière, Cécile Silvestri (dir), Editions Couleur cactus, 2016

- Anthologie poétique de Terres de femmes, Angèle Paoli (dir), 2014

 

 

En en 2017 deux recueils :

- Je t’écris fenêtres ouvertes, Editions La Boucherie Littéraire, 2017

- La Fossette, Editions La Porte, 2017

 

 

 

Quelques textes

  

Je ne sais rien de la lettre qui compose le mot qui compose la phrase qui compose l’histoire. Je ne sais rien de l’idée, de l’intelligence ou de la pensée.

Je ne suis qu’un galet.

Mais je suis prêt à tout dire, à tout écrire, je suis prêt à tout lire et tout écouter. Je peux même me risquer à évoquer la mort, la baptiser attente, ou ignorance, la nommer éternité, taire mon propre nom.

Et je peux crier tout ce qui vient à larges goulées, ou à petits mots qui ne font pas plus de bruit que l’albâtre, l’argile ou la lavande, à peine une lèvre dans le silence, la tristesse filtrant sous le prénom qui jamais

n’a pu se poser.

La place de l’absent dans la voix.

La douleur de l’ange.

 

Extrait de Makapansgat, inédit.

 

**

 

Ne rien savoir par avance

Elaguer tous les silences qui encombrent

 

Elle dit J’aime le sable

Elle le dit

 

Lui

ne sait de quel sable il s’agit

ni de quelle sorte d’amour

 

Si elle dit cela pour parler

parce qu’elle aime la sonorité des mots

 

Si elle l’invente en le disant

ou par fidélité aux légendes de coton

qu’on raconte aux enfants

 

 

Elle dit Un horizon de toits et de béton je ne pourrais pas

 

Elle aime le sable

 

Extrait de L’homme des sables, inédit.

 

**

 

Ecrire un mot

en croyant que c’est le dernier

c’est accorder une place au vide

 

à un vide préfigurant un autre vide

 

celui de la distance où il semble que tout se perd

 

mais d’où cela renaît

 

.

 

Un silence en forme d’arbre ou de nudité je ne sais pas Je t’écris fenêtres ouvertes sur la nuit en attendant que s’ouvre l’arbre ou que se dévoile la plaine Cette nuit est trop chaude pour un homme qui marche depuis longtemps trop transparente pour un homme nu trop enveloppante pour un solitaire Le monde ne sera plus jamais le même.

Sans doute en va-t-il ainsi de toutes les mains et de toutes les peaux et de tous les corps qu’on a frôlés ou caressés Il arrive un moment où on ne les a ni frôlés ni caressés Désormais c’est comme si je n’avais jamais frôlé ou caressé Le monde n’est déjà plus le même.

 

Je t’écris fenêtres ouvertes, Editions La Boucherie Littéraire, 2017

 

 

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