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  • En malle de Légende I

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    La nuit sous une autre parole : courir,

    l'âme recrue d'anciennes légendes

    et de fruits secs,

    courir encore dans la bruyère à perdre haleine.

    Si nul n'écrit ces mots essoufflés, rien ne paraîtra.

    D. Sorrente (Une route au milieu de la nuit, Froissart, 1985)

     

     

     

     

     

    Souvent je rêve

    d'un impossible retour

    dans un lieu

    qui n'existe pas

    sur les cartes

    ou qui y figura,

    peut-être...  

     

          pedralum.jpg

     

     

      

    Le lierre et la ruine

    s'y enlacent.

    On y croise peu de monde

    dans les corridors

    sauf des êtres incomplets

    hantés par leurs manques….

     

     

     

     

    Ainsi cet homme

    qui a oublié son nom,

    il tourne en rond

    sur des soieries d'Ispahan,

    les chaussures pleines de merde.

     

     

    Ainsi cette femme

    à la nudité presque parfaite

    dont la beauté intègre

    aurait besoin d'être rectifiée :

    elle porte sa tête en pendentif.

     

     

    Tous ces êtres m'ignorent

    et semblent même ignorer

    leur sentiment d'exister :

     

    suis-je moi même l'un des leurs ?

     

     

     

     

                       Nicolas ROUZET

     

     

     

     

     

  • « Pour renverser le mouvement de l'entropie »

     

     

    Béatrice Machet - Extraits  de DER de DRE.

      

     

    comme der de der, la dernière de toutes les guerres...

    et l'on sait bien que depuis cette fameuse guerre le monde

     n'est plus que bombardements, massacres, viols, tortures, déportations,

    camps, exodes, murs et frontières, .....

    comme dernière époque d'une planète terre habitable

    puisque polluée et surpeuplée

     

    der de dre pour jouer avec les verbes et les néologismes

    qui au delà du jeu donnent force et régénèrent l'usure du vocabulaire

     

    der commme ouvert

    dre comme fermé

    der inaugure

    dre répète et décale, offre l'écart dans lequel le sens et

    la langue vivent d'une autonomie nouvelle

     

    passer de der à dre pour renverser le mouvement de

    l'entropie, enrayer son mode de relation qui dévoie.

     

    Der et dre pour conserver la capacité de s'insurger et de

    s'émerveiller, malgré ce qu'on a vécu, ce  qu'on vit, ce

    qu'on sait du monde comme il va.

     

     

     

                                                              I                                   

     

     

    fondre et fonder : deux verbes ; premier groupe, troisième groupe, au pluriel se conguguent de manière jumelle, et comme tous bons jumeaux ne sont pas mêmes. Pas de sens à clôner, mais de la fondation à la fusion quand nous fondons, que vous fondez, l'esprit d'amour dans la langue s'essaie   au bien faire....

     

     

     

    on voudrait  dé-dier le dire

     

    on voudrait dé-lier le lire

     

          le faire vent

     

    l'ardeur sans gorge sèche

    l'argile et sa chaleur car souffle humide

    tendre mousson

     

                                   fervente

     

     

    n'en pouvant plus de trébucher  la langue en son donn-aime

    me refuse un dom-aine

     

                                            et c'est très bien ainsi

     

     

     

    plaider               inconnu devant

    embrigader        inconnu derrière

     

                 poussières poussières            imaginer qu'elles n'aient pas d'âge

     

     

    la lumière ne se détourne pas

    les lieux voyagent avec elle       qui est passage 

                                    n'a pas d'envers       crée du lien sans fixer

     

     

     

    mine de fil à plomb

    pesanteur au visage

    guigne à guigne le regard gagne    et rebondit mollement

    tandis que grogne la gorge

    des tourbes dans le ventre

                                                      badigeon de sommeil

     

                         goutte grave et de guingois le bégaiement

                                                  halo gommant la netteté

                                          à contre courant répare la voie

     

    n'en pouvant plus

                              

     

     

                             portion congrue            grandeur nature   

     

    et c'est très bien ainsi

     

     

     

     

    Descendez la cendre

    et scandez la scandre  sans craindre la représaille

    la cisailler

     

                              là peindre sans représenter

    défier le mythe     barbouiller  façon pastrouille

                le symbole s'en est allé         mironton mironton mirontaine

     

     

    s'écaille            et mal calé      tombe     retombe         lourd de sa prétention

     

     

    reprendre à partir de répondre       qui donne le la ?

    tache d'huile se répand   de der en dre

    ça filandre           ça filangue          ça in-fidèle à partir de sa foi

     

     

    les usages      les usagés          s'en vont vers la vallée

              là haut    perdu(e)   mais pas mort(e)        sus-pendu(e)  

                            tissu-langué  l'ancêtre-linge  

     

    glissade du que au che passe à l'anglois  éternué            tche

    postillons d'essentiels                     ils ont soulevé la question

    gendre ou gender?           ainsi les faux amis genre der de dre

     

    DerdeDRE rouge.jpg

    Béatrice Machet

     

    DER DE DRE,

    publié chez VOIX éditions (2008), dans la collection Vents contraires.

    ISBN 2-914640-80-3

     

     

     

     

  • Le Scriptorium invité de la Maison de la Poésie de Grasse

     

               Une poésie des Intervalles

     

     

     

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              Pas une lecture ordinaire, pas non plus une performance. Ce 31 octobre 2008, les poètes du Scriptorium ont proposé à la Maison de la Poésie de Grasse un temps bien particulier qu’il leur arrive désormais d’appeler « poésie chorale ». Oh certes pas un oratorio ou une cantate, menés à la baguette, il y eut des moments d’incertitude, des jeux aléatoires dans la distribution des rôles, mais à la réflexion, on se demande si cela ne vaut pas mieux ainsi.

              Ils étaient cinq, deux voix d’hommes et trois voix de femmes, à présenter une suite de propositions. Chacun portant son style, on a pu ainsi identifier les accents, parfois véhéments, toujours pleins de présence, de Béatrice Machet, l’intime toucher de phrase de Valérie Brantôme, la bonne terre meuble des mots entreprise par Olivier Bastide, le plaisir de diction de Sophie Monnier, le discours du regard et du corps de Dominique Sorrente. Et on a pu aussi vivre ces temps d’alternance et de voix partagées qui font tout le prix d’une telle rencontre. 

     

              Une première exposition née de poèmes dits par les uns et les autres en résonance, puis des acronymes sur le mot « Scriptorium », un insolite journal composé à plusieurs voix, des instants de voix seules, enfin le poème fondateur du groupe, dit dans un croisement de sons pour finir dans une parole faisant jouer les harmoniques.

     

              Il fallait braver les pluies qui se sont abattues ce soir-là sur les collines grassoises ! A ce titre, on saluera l'auditoire fidèle, hélas un peu  clairsemé en ce week-end de Toussaint,  venu porter cette lecture originale à plusieurs voix.  L'occasion  aussi de rendre compte du chemin en cours dans cette expérience vocale des scripteurs. Quelque chose bouge dans cet ensemble, loin des ronrons routiniers. Quelque chose veut être risqué pour aller à la rencontre du public. Et ce désir, dans sa singularité même, mérite d’être accompagné. La Maison de la Poésie de Grasse et sa directrice éclairée, Catherine Berney, le savent, qui ont  compris qu’une belle aventure poétique se jouait là, dans ce Scriptorium en constante évolution. C’est pourquoi d’une année à l’autre, elle a décidé d’ouvrir ses portes au Scriptorium « hors les murs ». Une belle initiative…

     

     

     Anne Lofoten