Ci-après, quelques contributions recueillies sur le thème du jour.
Intervalle prolifique de ce 7 décembre où il fut aussi question des naufragés de Lampedusa, du corps de Toutânkamon, de la boîte de Pandore, de Fernando Pessoa sortant la nuit sous ses lunettes noires, d'Andrée Cheddid loin des berges stridentes, sans oublier l'Annonce faite à Marie donnée par la Compagnie de l'Égrégore.
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à Ossip Mandelstam
Je marche
Je marche
Pieds à pieds
Les pieds nus
Vers ce ciel
Sur une échelle
Aux multiples barreaux ornés de poignards
Une lourde pelisse à mes épaules
Rejetant loin
Ce siècle fauve
L’odeur fauve
Le cadavre de la raison
NICOLAS ROUZET
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S'asseoir, debout, marcher
S'asseoir, debout, marcher.
Cela fait un certain temps déjà que bruissent autour de moi mondes et contredanses. Je le sais quand mon front s'alourdit, quand s'affirme avant toute autre chose le sentiment de chute. Je me repère alors aux yeux de cette femme, qui valse seule et qui, tour après tour, semble dicter ma conduite de son regard direct.
Elle n'existe pas ! Elle n'existe pas ! Je dois frotter fort mon front de mes mains ; je dois circonscrire ce petit mal avant de trébucher les pieds gourds de peur.
Cela passe par l'exploration minutieuse des recoins, le soin apporté au remue-ménage. Quelle est cette question qui se pose sans cesse, revient, s'oublie, revient, s'oublie mais laisse son souffle déposé un peu partout ?
De part et d'autre du clos
Qu'est-ce que mon regard ? Dois-je lui confier mon abord des choses ? Dois-je le penser comme un élément nécessaire du mystère ?
Je vais mon chemin. Je lis. Je parle. J'écris. Je mange de bons petits plats. J'aime. Je n'aime pas. J'entre. Je sors. Je suis ému.
Qu'est-ce qui est vrai ? Je questionne chaque lueur. Je questionne jusqu'au battement de mon cœur. Puis j'oublie.
Le point focal décide du constat. Rien n'existe si je ne le sais, si je ne le prends par l'œil, si je n'incise la scène et l'arrière-rideau, soumis à l'impression et à son excision, dans l'écartèlement du cerveau.
Achevé sous un cèdre
Toujours au pied du mont. L'écume jaune preuve d'échec. Nulle eau ressurgie du gouffre. Serai-je proie au gré des fauves ?
Sur la crête, l'abrupt noir d'arbres mis en frontière, l'azur propice au rapt.
A l'instant, je suis aigle. Le vaste espace et ses vertiges sont envolées sauvages.
Belle illusion. Nécessaire illusion. Aigle ou simplement homme serein, savoir le croire par instants. S'échapper du trop vrai, du trop cru, de l'addition strictement sue.
Je viens de terrasser tout un jardin. Le vent, doux, joue avec les herbes encore vivantes. Un fond d'eau dans la bouteille évoque toute source. Pourquoi ces roses-là sont-elles si rouges ?
OLIVIER BASTIDE
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La vocation du fou
Ô vous, tireurs de biais, honorez-le. À lui seul, l’honneur des astigmates !
Au pays du bizarre, la reine volontiers le dépêche.
De naissance et pour la fin du jeu, il tracera ses lignes, corridor tout en blanc, corridor tout en noir, comme le sort l’aura jeté.
Destin voué. On ne métisse pas la folie, on la traverse de bord en bord.
Un fou n’en cachera jamais un autre.
DOMINIQUE SORRENTE
( extrait de Le Jeu d’échecs et du mat, Pays sous les continents, MLD, 2010)