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De Rimbaud à Rimbaud

 

Jumelage Scriptorium_Monument RIMBAUD.jpg

Jumelage  Scriptorium / Poètes toscans,

Marseille, plage du Prado, sous le Bateau Ivre d'Amado

 

 

 

 

De Rimbaud à Rimbaud,

que nous veulent les portraits de groupe ?

 

 

 

Monument de Jean Amado sur les plages du Prado à Marseille, ce samedi matin, 17 avril 2010. Ciel ouvert et tangage de nos fins des temps partagés. Parmi les faces en cérastone, qui durent entre pierre et sable, il n‘y a pas lieu de choisir. On peut être dans la nacelle ou sur les à-côtés. Tendre le bras en signe de naufrage, recueillir les ferveurs de l’air, dire et taire dans le même temps, comme éprouver la résurgence en paroles offertes à l’oubli.

 

Monde au rouge tombé en terre, façons instinctives de remonter à bord.

 

Ce qui se nomme ici attire un désir que l’on retient une minute encore, pour mieux le prononcer, debout face à la mer. Le promontoire est vert où le bateau ivre prolongera ses pâtures, bien après que les mots d’or pâle se seront effacés. « L’aube exaltée, ainsi qu’un peuple de colombes » allonge son humeur de veilleuse. Qui demain sera de cette embarcation ?

 

Par le chemin du Gouffre et les bouillonnements de la Sorgue, sur un rebord de neige au mont Ventoux, dans les anses portuaires de Marseille, nous nous sommes ajoutés des naissances. À présent, munis de nos carnets d’écriture, peut-être déjà versés dans les canots secrets de sauvetage, nous saluons l’instant d’après et lui laissons la place. Portrait de groupe en poésie, accroché à la rouge consonne de ces journées élémentaires.

 

Difficile de croire aux menaces de cendres invisibles dans le bleu dominant, de déceler des particules du volcan Eyjafjallajokull sur l’inconnaissable du moment. L’euphorie des limites a enclos le temps de notre jumelage poétique entre poètes de Toscane et de Provence.

 

Plus tard, dans la soirée, nous apprendrons sur une page du journal qu’un acheteur s'est présenté jeudi au stand des Libraires Associés, au salon du livre ancien, au Grand Palais à Paris, pour acheter une photographie qui y était exposée. Elle date d’un peu plus d’un siècle. Le sixième personnage à droite sur le perron de l'hôtel de l'Univers, à Aden, est dit-on, Arthur Rimbaud à l’âge adulte.

 

De ces deux photos, au partage des mers, le poète des bruits neufs est le lien.

Parfois, pour les chercheurs de trésors, l’heure de la dispersion ressemble à celle de la coïncidence.

 

Dominique Sorrente

 

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- Pour un détour par l'oeuvre, voir ici : Une approche du monument à Rimbaud de Jean Amado (par Ronald Bonan)

- voir aussi l'album photo du Jumelage

Commentaires

  • PLAYA DEL SOL

    Portrait de groupe
    Expression facile
    D'un kaléidoscopique paradoxe

    Qui embarque
    Est sans lendemain
    Quoi qu'en disent les méduses
    Et le promontoire souterrain
    N'a pas d'autre choix
    Que la verdure du velours

    Portrait de groupe
    Au sourire de Dorian Gray
    La mer indivisible
    Délivre de tout lien


    une bien jolie phrase:

    "Le promontoire est vert où le bateau ivre prolonge ses pâtures, bien après que les mots d’or pâle se soient effacés."

  • Bonjour à tous,
    je viens de lire avec attention et bien lentement "portrait de groupe en poésie" - Le Scriptorium - Marseille. Puis-je vous donner mes impressions ?
    Voilà j'ai dit sur Terres de Femmes" que ce livre était "puissant" et je voudrais m'en expliquer, ici, parmi vous.
    Dominique Sorrente, le timonier, écrit en plusieurs textes cette expérience inouïe qui n'est "ni un atelier d'écriture, ni une maison d'édition, ni une revue littéraire". Ce livre fait écho à des voix étranges et étrangement différentes les unes des autres. On pourrait dire que la poésie est leur lien mais qu'est-ce que la poésie ? Que c'est une expérience qui a lien avec le langage, mais quel langage ? Que c'est le don et le partage d'une parole gratuite, mais n'est-ce pas plus que cela ?
    Alors pourquoi, pourquoi chacun d'entre vous répond à l'appel? Quelle solitude de l'écrivant tente-t-il de faire exploser ainsi ? La solitude s'y échange-t-elle contre la joie d'être ensemble ? Cette joie permet-elle la création pendant la rencontre ou seulement le partage par la lecture des oeuvres conçues en amont, justement dans la solitude ?
    "Explorer à plusieurs le réel en profondeur poétique et échanger quelques trouvailles, à l'air libre..." écrit Dominique. Cela est-il possible ? Peut-on explorer le réel en profondeur à plusieurs ? Ou, ces rencontres sont-elles comme le burnous des hommes et femmes du désert, se serrant les uns contre les autres dans la froide nuit du vivre ?
    Votre "lieu-dit", n'est-ce pas la coquille que chacun traîne avec lui, au long de ses cheminements ? celle qu'il ferme d'un opercule quand l'autre devient transparent ?
    "Chacun est très soucieux de se voir différent du voisin...". Oui, évidemment ! ... "l'égotisme maladif aussi qui finit par empêcher toute possibilité relationnelle"... Vous êtes chers poètes de sacrés funambules ! "Si j'suis tombé par terre, c'est d'la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau c'est d'la faute à Rousseau.", chantait Gavroche sur les barricades. ô vous, petits gavroches de soleil, si vous tombez par terre, ça sera de la faute à Dominique ! Mais vous écrirez encore des poèmes de fourmis, d'herbes, de coquelicots ! Même sous les barricades de l'indifférence du siècle... et la houle du groupe.
    Martin Guillé écrit : " Un jour, Dominique m'a demandé de consigner nos échanges, dans un entretien réalisé ensemble, un carnet de bord questions-réponses pour une navigation plus fluide, une traversée sans remous de compréhension". J'aimerais lire cela . Je suis certaine qu'il y a plein de remous et c'est tant mieux.
    Belle et haute expérience, donc. Qu'en est-il pour chacun ?
    Amitiés d'une passante.

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