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Scriptothèque - Page 3

  • GERARD BOUDES

     

    La notice qui suit, pourrait être un curriculum-vitae sec, avec des tas de choses et des traces de papier, qui ne me semblent pas avoir un grand rapport avec votre esprit éditorial.  

    J’exerce un métier intellectuel certes, c’est moins exotique, que garagiste, marin ou coureur à pied. Il n’est toutefois pas nécessaire de vous assommer, avec tous ces détails.

    Je vous remercie donc, de bien vouloir accepter ces quelques lignes.

    Bien à vous.GBgboudesphotoscripto.jpg

    Gérard BOUDES

    ou

    Edouard BERGS, c’est selon

     

     

     

     

    Né à Marseille, à la Toussaint de 1951, après quelques études et des voyages, un peu partout en France et en Afrique, il a travaillé dans plusieurs entreprises et exerce depuis vingt ans, la profession d’expert immobilier.

    Ce métier s’effectue assez souvent, à titre de mesure d’instruction, pour le compte des tribunaux. A force de rédiger, le virus de l’écriture de fiction s’est insidieusement installé en lui. Un vieux démon de jeunesse est venu le reprendre, comme un serpent rattrape sa queue.

    Avec ses relents d’une formation méditerranéenne, il cultive l’observation de sa ville et de ses environs. Aux confins d’un monde en perpétuel mouvement, un homme a contemplé son nom devant un miroir. En retournant ainsi ces lettres, il a compris qu’il était devenu Edouard Bergs.

    Après avoir publié quelques textes courts dans la presse locale ou dans le groupe de poésie « Le Scriptorium », il s’est jeté à l’eau de récits un peu plus longs, des voyages au sein de la cité des voyages.

     

    le Fringant boit Jean-Charles Assali.jpeg

    dessin Jean-Charles Assali

     

     

    QUELQUES TEXTES

     

     

    Je suis un chat marin

     

    J’habite une barque amarrée au Vieux-Port.

    Je suis un chat inquiet : mon bateau boit.

    Il est trop accueillant pour les eaux et marées,

    Et le sel le grignote.

     

    Parfois, sans vent ni vagues ballottantes,

                                                         Il se penche sans raison.                                  

    Parfois, il navigue en zig, en zag…

     

    Mon bateau boit et le fond de sa cale me mouille les pattes,

    De petites vagues me chatouillent le ventre.

    Pour aller au Frioul, il s’en va par Gaby.

    Pour aller à l’Estaque, il mouille à Morgiret 

    Mon bateau boit.

     

    Ses vieilles bordées font corps avec la mer.

    S’il croit ainsi attirer les girelles,

    C’est plutôt le contraire.

     

    Je suis un chat marin, qui sera un nageur.

    Car mon bateau, à boire sans soif,

    Dans un moment d’ivresse

    Rejoindra un beau jour, les poissons les coraux.

    Les oursins et les poulpes viendront l’habiter.

    Je serai chat nageur,

    Ma maison sous les eaux, sera loin de mon port.

     

    Et je miaule ce soir, ce qui dans la langue des chats, veut dire pleurer.

     

    ***

     

    Adam

     

    De ses mains humectées dans le rouge de l’argile

    Les formes jaillissent.

    A chaque tour, un organe est venu

    A la fin, tout entier, il était façonné.

     

    De ses mains, tout de rouge imprégnées

    Il a déposé cet être sur un lit de feuilles

    D’une caresse boueuse, il lui a donné vie.

     

    C’est ainsi qu’il a bougé et crié

    Et écrit de ses bras agités

    Quelques lettres perdues dans les airs.

     

    C’est ainsi, qu’il a rendu la terre étalée

    Sur ses mains, d’une onde qui jaillit

    Et formé de ses paumes une auge remplie

    Pour donner au créé, le boire béni.

     

    Sur le lit végétal, il a tourné l’être nu

    Vers le feu du soleil.

    Accompli de ses mains, il croyait réussie

    Une œuvre de perfection.

     

    ***

     

    Au commencement était le con

     

    Au commencement il y a eu, il faut bien le dire

    un con,

    qui a bouffé ce qu’il ne fallait pas.

    Depuis, nous sommes sur terre.

     

    Mais après Adam, il y eut Albert, sa tignasse, sa relativité et autres choses encore.

    Et Albert a dit : si les abeilles disparaissent, les hommes n’auront plus que

    Quatre ou cinq ans à vivre.

     

    Que dire, si nous remplaçons abeille, par con.

    Si les cons disparaissent,

    Çà pourrait aller mal pour l’homme.

    Tout serait si parfait,

    Que l’on pourrait se croire revenu au Jardin d’Eden,

    Quand tout a commencé.

    Mais là, y aurait-il du rire ?

    Le propre de l’homme aurait disparu !

    Tout serait donc à refaire.

     

    ***

     

    Le géant sacrifié

     

    J’étais bien au jardin avec mon Eve.

    Puis il y a eu cette affaire de la pomme.

     

    Il faisait froid dans ce nouveau pays

    Et nous avons découvert la peur.

    Peur des animaux, peur des vents des tempêtes

    Et peur de l’éclair et du tonnerre.

     

    J’étais loin sur cette terre. Eve vivait cachée

    Et je courrais la montagne en quête de pitance.

     

    L’orage un soir éclata, comme parfois en été.

    Devant moi, la foudre emporta un arbre.

    Il flambait et mourrait dans un grand manteau

    De flammes oranges et crépitait, faute de gémir.

     

    J’étais figé sur mes deux pieds, mais j’avais chaud.

    Malgré la nuit, je sentais les prédateurs éloignés.

     

     

     

    Une main se posa sur mon épaule et l’enveloppa.

    Je découvris derrière moi un géant aux longs bras.

    Son regard me rassura et m’invita à observer.

    Saisissant un bâton, il préleva une flamme.

     

    Le feu était outil dans sa main.

    Il me le tendit et m’apprit ainsi.

     

    Je savais à présent maîtriser cette flamme.

    Je pouvais me chauffer, m’éclairer et tenir

    A  distance les fauves affamés de ma chair.

     

    Le géant disparu, je ne sus que plus tard

    Qu’on l’avait sacrifié

    A la falaise crucifié,

    Il offrait ses entrailles

    aux rapaces

     

    ***

     

    INFERNO ROCK

     

    Quel est donc ce rocher qui obstrue l’escalier ?

    Sur ces marches, pour laisser mon passage j’ai pu voir

    Agrippé au caillou encombrant, l'ouvrier

    Qui poussait en suant cette pierre du devoir.

     

    Dans ces lieux de touffeur, ce désert écrasé,

    On m’a dit qu’un nommé Abraham, sur son fils

    S’apprêtait à plonger un poignard inconscient.

    Il fallait que ma main arrêta le serpent

     

    Infectant les esprits de ce père assassin

    Dépassant le pousseur de caillou à sa prise,

    Je devins comme l’œil dans la tombe de Caïn,

     

    Dans ces pierres à nulle eau jaillissant pour jamais,

    Suis-je l’ange sauveur d’Isaac appelé ?

    Mais là haut, l’ouvrier a lâché son rocher. 

     

     

     

  • EMMANUELLE SARROUY

    Artiste hybride, auteur, poète, vidéaste

    Née en 1968 à Lausanne, Suisse, Emmanuelle Sarrouy vit et travaille à MarseilleE.S photo.jpg

     

    Elle passe son enfance au bord de la Manche à Dieppe, en Normandie, et s'installe en Provence en 1988. Artiste multimédia, poète, vidéaste, adepte du métissage de toutes sortes, elle pratique l'hybridation des formes et le mélange des genres. Flirte depuis toujours avec le journal intime, l'archivage, la récupération, la compilation, les petites formes, les instants suspendus, la poésie du quotidien. Emmanuelle publie de nombreux articles sur le cinéma et le cinéma expérimental, réalise des vidéos et installations qui sont montrées dans de nombreuses manifestations internationales, et écrit dans plusieurs revues poétiques (La Revue des Archers, Rrose Sélavy). Son livre Séisme(s), long poème du tremblement sur Haïti et l'aventure de l'adoption, est régulièrement présenté en lecture musicale. En parallèle de sa pratique quotidienne du haïku désaccordé, elle travaille aujourd’hui sur plusieurs projets d'écriture ; ils iront la nuit / marcher sur les toits … et grignoter le ciel, dialogue amoureux du nouveau siècle écrit à quatre mains et joué à deux voix ; et prépare une installation multimédia sur la quête de l’enfance : PERSIKOV (… le chemin des fleurs), une généalogie fantasmée entre les images de cinéma, les pages de la littérature, la culture noire d’où viennent ses enfants et à laquelle elle est éternellement liée.

     

    Lectures

    Si seulement Alice… (projet PERSIKOV… le chemin des fleurs) - 15’

    Des oiseaux des anges et des hommes (en accompagnement du film Prototype…) – 15’

    Suppléments d’âmes / lecture performance dansée – 30’

    Séisme(s) (extraits) / lecture musicale – 60’ / 30’

     

    Distinctions

    Second prix du concours de nouvelles organisé par Les Rencontres Littéraires À Portée de Mots # 3 – Ville d’Istres/Maison Pour Tous d’Istres, novembre 2016 – pour son texte Si seulement Alice…

     

    Mention Coup de Coeur au Festival Po-M “l’Écran des poètes“, Printemps des Poètes, Paris, 14-16 mars 2003 – pour son film Bad Dream Nevermore

     

    Prix du meilleur film représentant la (V)idéologie de l’auteur au Festival Videology, Volgograd, Russie, 12 novembre 2004 –  pour son film C'est de l'homme qu'il s'agit !

     

    Prix de la Pertinence du propos au Festival du Film de Famille, Bordeaux, France, avril 2002 – pour ses cartes postales vidéo DV Life 2001 (co-réalisées avec Jean-Paul Noguès)

     

    Parcourir son univers

    Page Facebook : https://www.facebook.com/emmanuelle.sarrouynogues

    Vimeo : https://vimeo.com/emmanuellesarrouy

    La Vidéothèque / http://lavideothequ5.wixsite.com/la-videotheque/emmanuelle-sarrouy

    Collectif {endogene} : http://www.endogene.fr

    Membre du Collectif Jeune Cinéma : http://www.cjcinema.org/

    Membre du Scriptorium : http://www.scriptorium-marseille.fr/

     

     

    QUELQUES TEXTES (AH !) PARUS OU A PARAÎTRE

    Quelques partitions-apparitions comme une occurrence de l’être…

     

    dans l'air matinal
    imperturbable
    il chante

    et puis entre elles
    les tourterelles

    la voix des femmes noires de France
    la voix des femmes noires
    la voix des femmes

    un vent de liberté

    et l'abeille me chuchote
         au creux de l'oreille
              qu'il est temps

    dedansCarton_Terristoire_Recto_1bis.jpg
    le chat ronronne
    dehors
    ils chantent à tue-tête
    les œufs sont arrivés
    légère fébrilité

    brèves secondes
    au lever du jour
    le chant des hirondelles
    silence

    extrait de R/ÉCUEIL(S) (au fil du temps) (à paraître)

     

    ***

     

    Je m’arrache les cheveux un par un ou par petites poignées derrière la tête les cheveux au niveau de la nuque petit à petit petits bouts de cheveux bien tirés à la racine et méticuleusement je m’efforce de les arracher. Et puis au bout d’un moment il y a un trou même si on sent aussi au bout de quelques jours une petite tonsure agréable au toucher un peu rappeuse mais agréable à tâter sous le bout des doigts il y a un trou. Un trou que je sens du bout des phalanges mais qui ne se voit pas car il est caché par les autres cheveux ceux du dessus ceux plus longs qui cachent le trou. Alors il faut s’arrêter et attendre pour combler le trou. Mais si je m’arrache les cheveux c’est justement en attendant pour combler le vide de l’attente pour penser à autre chose pour faire quelque chose qui me permette de penser à autre chose. Et pour combler le vide je me fais un trou derrière la tête. En attendant des jours meilleurs, en attendant que les larmes sèchent, en attendant que le soleil se lève. Je concentre tout le vide derrière ma tête. Toujours il faut attendre, attendre que ça passe, attendre nos enfants, attendre des nouvelles, attendre une réponse. Attendre. Ça en devient insupportable toute cette attente tout ce temps à attendre. Insupportable. Alors on recommence à s’arracher les cheveux de plus belle et le trou devient bien lisse plus aucun cheveux sur cette petite surface de crâne tellement lisse qu’il en devient effrayant à caresser et le trou s’agrandit vertigineusement ne faisant que dévoiler de plus en plus le vide que je m’efforçai à combler en m’arrachant les cheveux.

     

    De la dérive des continents

    À la dérive des sentiments

    Fulgurance de l’éclair

     

    Extrait de Séisme(s) (2011, éditions Thélès)

     

    ***

     

    Elles étaient attablées. Elles étaient là à bavarder, à palabrer inlassablement sous les rayons chauds de ce début d’été. Elles parlaient de leur art, de leur passion et de leur déraison. Elles parlaient de leur pluralité. De leurs casquettes, de leurs têtes, de leur schizophrénie effrénée. Elles étaient face à face. Psyché contre Psyché. Volubiles, elles parlaient de la mémoire des choses passées, de ces infimes traces du quotidien qui veulent ne pas se faire oublier, et de leurs infinies façons de les retenir. Vergiss mein nicht était un peu leur crédo et la mémoire était pour elles comme un cadeau. Épiphanies quotidiennement renouvelées. Elles étaient différentes et elles étaient semblables. Amies avant même de se connaître. Elles parlaient de portes et de fenêtres, elles ouvraient des brèches, creusaient le ciel, trouaient la terre et construisaient des liens. Elles tissaient et métissaient et choisissaient toujours, qu’elles y soient autorisées ou non, de passer par quatre chemins plutôt qu’un.  Toujours sans jamais aucune hésitation. Elles aimaient se perdre pour mieux se retrouver. Sous la mousse au fond des bois elles ne voyaient jamais le temps passer occupées qu’elles étaient à palabrer. Entre les fougères et les armillaires, elles tricotaient elles tricotaient des messages étranges et secrets pour les rois et les reines d’espaces insoupçonnés.

     

    Myosotis et Volubilis avec patience et acharnement collectionnaient les perles de rosée comme autant de petits miroirs de la pensée.

     

    Extrait de Volubilis et Myosostis (à paraître)

     

    ***

     

    RIEN…

    (après tout)

     

    Rien

    Absolu/ment rien

    Absolu du rien

    Total /ité du rien

    Rien du tout

    Tout du rien

    Absolu/ment

    Infini/ment

     

    Rien de rien quoi rien

    De rien quoi du tout

    Ou rien

    Non

    Je ne regrette

    Quoi

    Pas du tout

    Tout du Monde

    Rien de rien

    Un petit rien de rien du tout du Monde

     

    Quoi

    Tu dis rien

    Tout petit rien chuchoté rien chuchoté rien

    Tu dis quoi quand tu dis rien

    Tu fais quoi quand tu fais rien

     Carton_Comprenne_qui_voudra_Recto_1.jpg

    Tu cries

    Tu penses le Monde

    Tu panses les plaies du Monde

    Tu craches des étoiles

    à la gueule du Monde

    Tu danses sur

    Les ruines du Monde

     

    Oh trois fois rien

    Une danse qui ne rime  à

    Tout petit rien chuchoté rien chuchoté rien

     

    On y va

    Tu viens ?

     

    Texte paru dans la revue PERSONA # 1 (mai 2017)

     

    ***

     

    Si je te dis que la ville à laquelle tend mon voyage est discontinue dans l’espace et le temps, plus ou moins marquée ici ou là, tu ne dois pas en conclure qu’on doive cesser de la chercher…

    En relisant ces quelques mots de Marco Polo lancés à Kublai Khan dans Les villes invisibles d’Italo Calvino, Je sens une proximité immédiate…

    Marseille, dans mon enfance, était une destination. Un voyage dans l’espace et le temps. Hors du temps. Au moins deux fois par an, nous traversions toute la France pour passer quelques jours à Marseille. Une fois en hiver, une fois en été. C’était le temps des vacances. Nous allions chez mes grands-parents maternels. En hiver pour y fêter Noël, en été nous poussions ensuite jusqu’à Cassis, la plage, la mer… Arrivées, retrouvailles, départs… Et entre deux, ce petit temps suspendu.

    Nous faisions souvent le trajet en deux jours. Après une nuit passée à Auxerre, une calzone avant d’aller dormir, le chat sur l’armoire de la chambre d’hôtel… Nous reprenions la route. Après des kilomètres et des kilomètres, quelques étapes, « on arrive bientôt ? », la nuit tombant, c’était l’arrivée à Marseille.

    Marseille, on y arrive, on en repart, on y revient…

     

    Extrait de MARSEILLE GO IN / GO OUT paru dans La Revue des Archers # 27 sur le thème Nos Méditerranées (décembre 2015)

     

    ***

     

    ACTE I : prendre le vent / et avec lui / s’évader

     

    Ça a commencé comme ça. Par un manque.

    Une faille

    Une brèche

    Un creux

     

    Elle s’était rapprochée et lui avait glissé

     

    Les mots manquent

    La voix manque

    Les mots et la voix manquent

    Et tout est là

    Et tout est dit

     

    Cette absence

    Ce manque infini / définitivement indéfini

     

    C’était dit

     Carton_Suppléments_d'âmes_Recto_1.jpg

    Il lui avait répondu qu’il était là

    Sa présence au-delà

    Sa chance et son drame

    Il lui avait répondu comme ça

     

    Définitivement

    Je suis vivant

    (comme un credo)

     

    Des âmes entremêlées

    S’enflamment

     

    Il dit :

    Moi je sui celui qui porte l’enfant

    Et la vision de l’amour

    Je suis sacré

    Je suis poète

     

    Elle pense :

    Enfant sacré poète

     

    Elle pense :

    Amour secret

     

    Des mots enflammés

    S’enlacent

     

    Texte extrait de ils iront la nuit / marcher sur les toits…  et grignoter le ciel

    Dialogue amoureux du nouveau siècle. Pièce écrite à quatre mains et jouée à deux voix.

    (work in progress, co-écriture avec Wilfried Salomé)

     

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    photogrammes © Emmanuelle Sarrouy

     

  • LEONOR GNOS

     

    Léonor Gnos est née à Amsteg (Uri) en Suisse alémanique.LG photo 2.jpg

     

    Diplomée de littérature allemande et française, la culture et les langues européennes tiennent une place importante dans sa vie puisqu’elle a étudié plusieurs langues, séjournant  en France, en Angleterre, en Italie, en Espagne et en Grèce. Avec son mari et ses deux filles, elle vit et travaille à Lucerne comme professeure d’allemand. Après avoir enseigné l’allemand en Langue étrangère à Paris pendant vingt ans, en 2010 elle s’installe à Marseille. Elle écrit de la poésie, des récits et des nouvelles, publiés en Suisse et en Allemagne.

     

    En réponse aux sollicitations du Scriptorium, elle traduit ou laisse traduire ses textes (Pascale Auger et Nicolas Rouzet) ou bien elle écrit directement en français. En co-auteure, elle a publié « Ecritures de l’eau », de même dans différentes revues littéraires.

    Léonor Gnos est membre de l’association ADS (auteurs suisses) et de Pro Litteris.

     

     

    Table d’ouvrages

     

    2017   « Lichtfalten », (rides de lumière) poésie, Collection Montagnola,  Isele, Eggingen

    2014   « Jenseits von Blau », (Au-delà du Bleu) poésie, édition Isele, Eggingen

    2014   « Mäd Book 3, co-auteure, prose et poésie, edition Franz Mäder, Bâle

    2013   « Die Schrift der Sonne ist vertikal » (L’écriture du soleil est verticale) Collection         Poésie Suisse, editore alla chiara fonte, Lugano

    2012   « Ecritures de l’eau », co-auteure, poésie français/allemand, édition PAP

    2012   « Hier ist Süden », (Voici le Sud) poésie, édition Isele, Eggingen

    2010   « Nelly N. », nouvelles, édition Pro Libro, Lucerne

    2009   « Singende Städte », (Villes enchantées) poésie, édition Wallimann, Alpnach

    2007   « Milchstrasse », (Voie lactée) poésie, allemand/français, édition 13/XIII, Paris

    2006   « Mohn am Schuh » (Mon âme joue), poésie, édition Wallimann, Alpnach

    2004   « fallen und federn », (tomber et rebondir) récit, édition Gisler, Altdorf

    2003   « Mit dem Schatten », (Avec l’ombre) poésie, édition Wallimann, Alpnach

    2000   « Bristenbitter », (Bristenamère) nouvelles, édition Gisler, Altdorf

     

    Leonor Gnos https://de.wikipedia.org/wiki 

     

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    QUELQUES TEXTES

     

     

                       Jeu d’amour

     

                       Dans l’intimité de la nuit

                       je joue quand le paysage s’endort

                       chaque chose perd son nom

                       en leur absence je travaille à l’amour

                       j’empoigne la poussière des étoiles

                       leur incandescence

                       pendant que sur les tuiles

                       brûlent les constellations

                       en rêve chutent les étoiles filantes

                       la voie lactée s’accoude à la fenêtre

                      

                       ***

     

                       Macadam

     

                       Un ciel bas tranche sur la mer

                       de son bleu enrobe la ville et les amants

                       qui aspirent l’haleine du      souffle

                       élan des lèvres polies par le vent

                       les oppositions se dissolvent

                       ruissellent dans les caniveaux la peau flamboie

                       une fois la femme une fois l’homme

                       un son diffus pénètre le soir et une odeur de chanvre

                       depuis que je suis où je suis

                       je n’écoute plus mes semblables

                      

                       la masse trébuche s’émmêle dans les accidents

                       une série d’équilibre précaires

                       qui résiste au rythme interrompu

                       tomber et rebondir je connais le modèle

                       et les couleurs perdant leur tenue

                       tantôt je bute sur les bosses d’asphalte gonflée par

                       la chaleur tantôt mon pied emprunte les traces molles

                       y rentre en sort  comme on passe une porte

                       ma main saisit mon front glisse plus bas lisse mon ventre

                       une femme rit d’une gorge rauque

                       renverse la tête sa robe froissée entre les doigts de l’amant

                       la foule se disperse la circulation ralentit

                       je perçois l’odeur des égouts je préfèrerais plutôt danser

                      

                       la mer et l’horizon se mêlent

                       les couleurs et les formes se fondent en harmonie

                       mais je suis trempée de sueur

                       de devoir adapter les mots à mon corps

                       à la ville à la poussière à la saleté et au plaisir

                       sur les murs le vernis de ma peau

                       le ventre pointe le sexe

                       une composition-confetti

                       mon visage se détend comme la terre appelle l’eau

                      

                       ***

     

                       Pour une poète

                      

                       Trouver le portail

                       jusqu’aux lieux des mots

                       leurs failles

                       leurs tailles

                       une forêt de crevasses

                       le poids de la langue

                       sur une balance

     

                       ***

     

                       Transit

     

                       Le soir je suis là

                       quand tu mets ta main

                       sur mon visage

                       et dans mon poème

                       tu veux entrer

     

                       les nuits s’oublient l’une l’autre

                       à la pointe du jour

                       entre nous et les rêves

                       une lueur de cendre

                       l’aurore

                       parmi nous disparue