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PAIX ET POÉSIE : RENCONTRE AVEC DOMINIQUE SORRENTE ET LES POÈTES DU SCRIPTORIUM

À la toute fin,
les civilisations s’éteignent 
parce qu’elles écoutent leurs politiciens
au lieu d’écouter leurs poètes.
Jonas Mekas

 

J'ai écrit vingt lignes sur l'amour

Et il m'a semblé

Que ce siège

Avait  reculé de vingt mètres

Mahmoud Darwich (État de siège)

 

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Le 26 novembre 2022, la Maison Montolieu, accueillait Dominique Sorrente et les poètes du Scriptorium pour un échange autour du thème "Ce que peut la paix veut dire : parole poétique et engagement." Une rencontre, entre témoignages et lectures, qui s'est avérée d'une si grande richesse que nous souhaitions vous la partager. Nous en restituons ici les quelques grandes lignes qui vous donnerons l'envie d'y revenir et d'approfondir à votre tour cette question fragile et essentielle du rapport du poète au monde.

Dans ce monde souvent bien chaotique, qu'est-ce que peut le poème ?

Après une brève présentation où il fut question de traduction et d'hospitalité linguistique, d'échange des mémoires, de pratique du pardon, de briser la dette, des guerres et phénomènes de renversement qui permettent d'avancer… De force d'opposition, d'élan vital, de souffle… La porte était ouverte sur le partage de nombreux horizons et la parole était offerte aux poètes et aux oreilles ouvertes…

La parole est moitié à celui qui parle moitié à celui qui écoute, Montaigne

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1/ Dominique Sorrente

GIVE PEACE A CHANCE

Nous faisions partie de ceux-là,
ceux qui répétaient en chœur 
"All we are saying is
give peace a chance", sans savoir de quoi était faite
cette chance, cette paix embrumée,
mais nous les appelions sur nous,
cette chance, cette paix,
cette façon d'éconduire la menace.

Nous avons inventé comme cela nos autels de fortune.

Nous écrivions des mots sourds, fervents, maladroits,
nous parlions de lampes et de sécession,
des barbelés d'hier et de ceux du présent, 
et des tenailles miraculeuses.

Il y avait un cercle pour nous affranchir du malheur.
Nous y logions comme dans une arche
la grue en origami, le calumet et ses nuages,
la colombe qui fait retour, le rameau 
d'après le Déluge,
la flamme entourée de ses pierres,
le fusil brisé, le coquelicot blanc,
le drapeau arc-en-ciel, tout ce qui appelait sur le monde brûlé
l'amour de vivre.

Cinquante ans ont passé, et les "plus jamais ça"
ont défilé d'un train à l'autre.

Et tout encore est à reprendre.
Comme si nous n'avions rien compris 
des premiers mots du désir mimétique inscrit au cœur,
des courroies noires d'entraînement, des falsifications
au jour le jour,
des façons visibles ou secrètes 
d'honorer 
les dieux alphamâles des guerres
quand vient le règne des décombres.

Et tout encore est à reprendre
à cette heure-là où les mots reviennent groggies
du voyage vers les scènes cruelles, oubliées ou manifestes, 
un peu plus troublés encore
d'avancer avec leur mémoire obstinée
et la longue suite de ceux qui n'ont pas
fini de vouloir les prononcer:
All we are saying is
give peace a chance.

Sud-Soudan, Sri Lanka, Colombie, Angola, Burundi,
Ukraine...

Un sémaphore 
agite ses bras d'enfant
comme sur un tarmac de refuge.

Au loin se récite 
la légende des mille grues.

Il y a une main qui ôte la poussière
sur la Vierge de Nagasaki.

Tout ce que nous disons est :
donne une chance à la paix ! 

Dominique Sorrente

 

SHALOM


Un mot, un seul, sans attirail.

Il s'impose aujourd'hui à nous dans la poudre aseptisée
des quotidiens conformes, parmi les paysages 
où la colère éclate aux vitres, et  là aussi, plus loin derrière,
quand la mémoire tire ses poulies.

Un mot tout seul, dénué.
Il porte un chant de protestation dans l'intime.

Quoi qu'il arrive à ce monde précaire, nous aurons reçu
en partage ce geste-mot de nos enfants eux-mêmes.

Poing contre poing, mains touchées l'une à l'autre,
résistance plein cœur, baisers perdus, baisers posés,
ce mot signe aujourd'hui le départ vers l'espoir.

Dans la rue ou sur l'herbe, cette seule apostrophe
nous lance à la frontière de nos rêves avalés.
Shalom.

La paix soit avec toi et toi encore, et nous, et nous encore, tous et toutes bienvenus. Salam aleykoum. Shalom. Hatchoghoutyun !

Avec ce mot, frère secret du matin, nous nous découvrirons en archipel.

                    Dominique Sorrente

 

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2/ Isabelle Alentour présente Paul Celan

POÉSIE ET PAIX

Comment la poésie peut-elle servir la paix ?
Dans le registre du témoignage, garder vive la mémoire. Par nature, par sa capacité à bousculer la langue, la poésie est une grande force d’opposition aux discours totalitaires, idéologiques d’oppression.

Paul Celan
Né Paul Antschel en 1920 à Czernovitz en Roumanie dans une famille juive de langue allemande. Une année de médecine en France en 1938. Retour, persécutions nazies, parents déportés et exécutés en camp de travail nazi, lui-même deux ans en camp de travail roumain.
Après la guerre, séjour en Autriche puis s’installe en France, nationalité française, se marie, a un enfant, traduit, écrit, meurt en 1970 à Paris (par suicide, après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique).

Son œuvre a deux caractéristiques majeures :
Elle se déploie à partir d’Auschwitz et de l’expérience de la Shoah 
En langue allemande
En effet, c’est un vrai parti-pris pour Celan que de s’exprimer en langue allemande, qu’il aime et qui est sa langue maternelle mais qui est aussi la langue de l’oppresseur (« terrible pour un juif d’écrire en allemand et de se dire que peut-être la main qui ouvre le livre est celle qui a tiré une balle dans la nuque de sa mère »). 
Mais il va la retravailler de l’intérieur pour la faire sortir de la gangue nazi (se référer ici aux travaux de Klemperer sur La langue du IIIème Reich). 
Celan en quelque sorte va construire une « contre-langue », à destination des allemands, pour dire quelque chose qui est d’un autre ordre que ce qui est exposé ou expliqué par les historiens.
Il n’y a en effet rien d’illustratif ni d’explicatif dans sa poésie. Celan dit son expérience et l’expérience humaine, mais sous un mode finement suggéré, allusif. Il s’agit plus de percevoir, saisir et sentir que de comprendre. 

Sur la forme, son écriture est sobre et très novatrice (encore aujourd’hui je trouve).
Sobre dans le sens où il n’y a pas d’expressivité ni envolées lyriques excessives.
Pour Celan, après Auschwitz, ce n’est pas qu’on ne peut plus écrire de la poésie (comme l’affirme Adorno), mais il n’est plus possible de se laisser aller au sentiment. Il se défait de la joliesse de la langue pour tenter de se rapprocher du cri, du balbutiement, comme pour signifier que la langue est blessée, que le sens est blessé,  qu’il ne peut plus faire irruption que dans les manques, les failles, le silence. 

Pour cela il va exploiter toutes les possibilités de la langue (jeu sur les particules séparables des verbes allemands, sur la polysémie des mots à lire en plusieurs langues, il injecte des mots d’autres langues aussi, le yiddish (éradiqué en Allemagne), l’hébreu. 
Au plan de la syntaxe, il y a une désarticulation très marquée, avec beaucoup de césures, de ruptures dans les vers, d’enjambements, de décrochages, un travail à l’échelle de la syllabe et même de la lettre (jusqu’au ver monosyllabique).

La poésie de Celan est une poésie qui dit la détresse de la condition humaine, de laquelle se dégage une dimension philosophique (grandes questions de la vie, de la fragilité de la vie humaine, de la mort, de l’existence de dieu) qui a également des liens avec la mystique juive.

Je dirais que c’est la conjonction de ces trois aspects qui fait que l’on a souvent qualifiée la poésie de Celan d’opaque voire hermétique. 
son travail très minutieux et novateur sur la langue
son caractère allusif (poésie obscure, reproché par Primo Levi)
et ses accents philosophico-mystique
Mais est-ce grave ? On n’est pas dans l’explicite, le sens se loge dans des zones où l’ombre se mêle à la clarté. C’est une poésie qui n’appelle pas par son sens premier mais par sa part d’inconnue.

Enfin, la poésie de Celan est aussi un modèle éthique d’un rapport à l’autre et de la rencontre.
Position qui sera développée dans Le méridien (1960), discours écrit à l’occasion de la remise du prix Büchner. Bien résumé par cette phrase qu’il a écrit plus tard : Je ne vois pas de différence entre un poème et une poignée de mains

 

Fragments et poèmes

1952 : Fugue de mort (fin)

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons à midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne son œil est bleu
te touche d’une balle de plomb il te frappe juste
un homme habite dans la maison 
tes cheveux d'or Marguerite
il lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe dans l'air
il joue avec les serpents et rêve 
la mort est un maître d’Allemagne
tes cheveux d'or Marguerite
tes cheveux de cendre Sulamith

 

Grille de parole (1959)(Début du dernier poème, Strette)

PORTE
Sur le terrain
Avec la trace qui ne ment pas

Herbe, écrite-séparée.les pierres, blanches, avec l’ombre des tiges :
Ne lis plus – regarde !
Ne regarde plus – va !

Va, ton heure
N’a pas de sœurs, tu es – 
Es de retour.une roue, lentement,
Tourne d’elle-même, les rayons
Grimpent,
Grimpent sur un champ noirâtre, la nuit
N’a pas besoin d’étoiles, nulle part on ne s’inquiète de toi.

 

La rose de personne (1963)

PSAUME
Personne ne nous pétrira de terre et de limon, personne ne bénira notre poussière.
Personne.

Loué sois-tu, Personne.
Pour l’amour de toi nous voulons
Fleurir.
Contre
Toi.

Un rien
Nous étions, nous sommes, nous resterons, en fleur :
La rose de rien, de
personne.

Avec le style clair d’âme,
L’étamine désert des cieux,
La couronne rouge
Du mot du pourpre que nous chantions
Au-dessus, au-dessus de
l’épine.

 

Renverse du souffle, 1967 (deux poèmes)

TU PEUX en confiance
M’offrir de la neige :
Chaque fois que j’ai, épaule contre épaule,
Avec le murier traversé l’été
Sa dernière feuille
Criait.

DANS LA VOITURE SERPENTINE, passant
devant le cyprès blanc,
à travers le flot
ils t’ont conduit.

Mais en toi moussait de 
naissance 
l’autre source, 
sur le rayon noir
Mémoire 
tu as grimpé jusqu’au jour.

 

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3/ Marc Ross

Il faudrait sans doute que des couleurs rutilantes
Fassent festin de valses nobles et sentimentales
Retrouvent   ici ou là   une indéniable cohérence

Il faudrait célébrer en fanfare la lenteur sensitive
Et même l’associer au contraste saisissant 
De ces pas dans l’allée de Camille Saint-Saëns 

Il faudrait dépasser et de loin   l’abîme terrifiant
Révéler les accents d’une paix soi-disant périlleuse
Ces points de convergence loin de l’agitation

Il faudrait faire court   s’épargner des longueurs 
S’extirper du chaos   œuvre sombre incarnée
Sauf à se focaliser sur tout le sang versé 

Il faudrait s’abstenir d’invoquer la vengeance
Et rendre enfin les paroles compréhensibles
Dans le grave dans l’aigüe    au propre au figuré

Il faudrait accorder au poème l’angoisse de l’espace 
Pour qu’il est meilleure appréciation de l’autre 
Quitte à faire grand écart pour réduire la distance

Il faudrait des maisons et des contours polis
Plus qu’un décor minimaliste pour qu’enfin
La paix encensée nous prenne par la main.

Marc Ross                                             *

VOULOIR LA PAIX - Samedi 26 novembre 2022, 
Maison Montolieu, 45/47 rue Montolieu 13002 Marseille
Texte inédit écrit pour les rencontres Paix et Poésie (Novembre 2022)

 

J’imagine un peuple
                     זיקית   ¹
dont les couleurs se répandent
dans l’espace infini
   Une ombre compatissante
effaçant la limite
et pour verser sur ces mots
en équilibre
           ²   أول علامة على الصداقة
 

Marc Ross – Signe évident
in L'ombre mélancolique d'une fleur apatride 
(Éditions Le Serpolet, 2015)


¹ caméléon (Traduit de l’hébreu)
² Le premier signe d’amitié (Traduit de l’arabe)

 

VISION DE FLAMME

Planté au sol 
Au pied d’un peuplier
Défiguré par la souffrance
Un homme est jambes 
Et poings liés   Recroquevillé 
Bouche bénie par le silence

Perçu comme un vandale
Recouvert d’habits sales  
Montré comme animal
De foire
Ne trône-t-il pas plutôt là
Au sommet de sa gloire ?

Ami ! Dors-tu toujours 
Adossé à cet arbre ?
La lumière accordant
Un breuvage au gisant 
Penses-tu te glisser
Dans la peau d’un revenant ?

Ses yeux pourtant résistent
Aux assaillants
Réveille-toi soldat !
Il y a grande différence
Entre la nuit saisie de crainte 
Et l’aube qui reste à saluer

Odeurs fétides 
Encrassant les consciences
Des balles émissaires
Ont rempli leur mission
Puisque ses os sa chair
Ne semblent pas déplaire
À la poussière

Le ventre rouge comme
La cornaline montre plus 
Qu’infâme vision de flamme
Ses entrailles servent mets
Délicats et le banquet s’étale
Du côté gauche au côté droit 

Entre deux pleurs l’on entend
Un chant Berbère et le Miserere
Du fameux de Lalande 
Voilà de quoi lui accorder 
Tombe de Roi   Une voix seule
Un peuplier veille sur lui 

À quoi sert le bon Dieu
S’il n’est pas foutu de savoir
Qu’un enfant n’entre jamais
En guerre ?   Grand bien 
Lui fasse car seul est libre
Celui qui danse après la mort

Ô précieux rebelle d’âme
Et de chair   Tantôt planant
Comme un vieil aigle
Au dessus de nos têtes
Tantôt posé à nos pieds
Comme un fardeau encombrant !

Autour les fleurs se sont fanées
Le ciel pleure et se meurt 
De la sentence    Et sur l’ardoise
Pendue au cou du révolté
L’on peut encore lire ces mots :
Défense d’assister à mes funérailles.


Marc Ross – Vision de flamme
In : Par les ombres parlantes (Éd. Prolégomènes)

 

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4/ Wahiba Bayoudia

 À la question «  Que peut apporter la poésie à la paix ? »… Peut-être parce que écrire, dire, lire de la poésie s’inscrit dans un temps suspendu ou le langage du réel touche une  frontière entre le visible et l’invisible. Un arrêt sur image.
Où les mots issus des souffrances de l’humanité, guerres, conflits, folies, déséquilibres sont écrits, dits, lus dans une parenthèse de silence, un moment témoin d’écoute et de partage de soi à soi de soi à l’autre, qui rassemble, unifie, apaise.
Où la pointe acérée de la souffrance par le poème apparu touche un point de paix.
Ces rencontres sont l’occasion d’offrir au monde des incarnations de paix peut-être parce qu’elles permettent juste une simple disponibilité d’être là. Champ ouvert.

Lectures :
 *Joshin Luce Bachoux  Le cri du monde dans une saison en méditation  (éd.  du Cerf)
 *Nazim Hikmet  Le Globe  dans C’est un dur métier que l’exil (éd. le temps des cerises)


Le Globe

Offrons le globe aux enfants au moins pour une journée
Donnons –leur afin qu’ils en jouent comme un ballon multicolore
Pour qu’ils jouent en chantant parmi les étoiles.
Offrons le globe aux enfants
Donnons- leur comme une pomme énorme
Comme une boule de pain toute chaude,
Qu’une journée au moins ils puissent manger
à leur faim
offrons le globe aux enfants,
qu’une journée au moins le globe apprenne la camaraderie,
les enfants prendront de nos mains le globe
ils y planteront des arbres immortels

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5/ Henri Perrier Gustin

Je me méfie toujours des engagements politiques du poète : je n’aime pas trop mêler poésie et politique et trop réagir à l’actualité. Pourtant comme beaucoup j’ai été profondément choqué par l’invasion de l’Ukraine. Cela s’est traduit par trois poèmes que j’ai écrits le 28 février 2022, quatre jours après l’invasion de l’Ukraine que je voudrais partager avec vous. 


Au bout du décompte

On attise les haines
On appelle au combat
On sollicite les femmes
On mobilise les hommes.

On incante on galvanise les foules
On appelle la fibre nationale
On célèbre les victoires au combat.
La télévision montre les armes anéanties.

En face ce sont des hommes ce sont des pères
Des fils et des frères qui vont mourir
Qui ont peur de la guerre
Des intérêts qui les dépassent.

Au bout du compte ce sont des vies humaines
Qui sont en jeu, qui vont se briser
Dans ce qui n’en est plus un.

Loin le temps des cours d'école
Loin le bruit des jeux vidéo.
C’est une balle réelle qui perce les cœurs
Et change en un sordide décompte
Le sort de ces enfants au printemps.

Henri Perrier Gustin

 

À l’Ukraine, gorge nouée

Quiétude - Inquiétude
Être - Mal-être
Sagesse - Folie
Amour - Haine
Calme - Angoisse
Repos – Insomnie
Désir - Apathie
Silence - Vacarme
Baiser - Bombe
Caresse - Meurtre
Coup de fil - Coups de feu
Carillon - Tocsin
Pour le Jeu - Pour de Vrai
Jouer à la paix – Faire la guerre.

Henri Perrier Gustin


Hier la paix

Hier la paix
Au tamis des cerisiers en fleurs.
Ce matin le soleil est rouge
Du sang des soldats.

Henri Perrier Gustin

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Le discours sur la paix

Vers la fin d’un discours extrêmement important
le grand homme d’Etat trébuchant
sur une belle phrase creuse
tombe dedans
et désemparé la bouche grande ouverte
haletant
montre les dents
et la carie dentaire de ses pacifiques raisonnements
met à vif le nerf de la guerre
la délicate question d’argent.

Jacques Prévert (in Paroles)

 

Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abimé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

Jacques Prévert (in Paroles)

 

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6/ Nicolas Rouzet présente

- La neige couvrira tout, Boris Ryji (traduction Jean-Baptiste Para, éditions Cheyne, 2020)

Je viens vous parler d’un poète russe dont tous les poèmes tiennent en un seul volume puisqu’il est mort à 26 ans. Boris RYJI est né en 1974, il a vécu l’essentiel de sa vie dans l’Oural, notamment à Ekaterinenbourg.

Il faut s’imaginer un jeune homme avec une gueule d’ange et une grande balafre. Il était boxeur amateur. On peut dire de lui qu’il a été une sorte de Villon russe. C’est un jeune homme qui avait reçu une bonne éducation, fils d’un géophysicien célèbre, au lycée il fréquentait une bande d’amis, issus de milieu plus prolétaires et qui peu à peu ont basculé dans une réalité assez sordide.

Il a vécu dans un monde relativement protégé jusqu’à l’effondrement de l’URSS en 1991. Dans ses poèmes cohabitent deux univers, les souvenirs un peu nostalgiques du monde soviétique et la réalité de sa jeunesse, qui est celle du passage au libéralisme sauvage, d’un effondrement économique, social et moral qui a été une sorte de traumatisme pour les russes ( alors qu’en Occident on pensait que les russes se réjouissaient de la fin du communisme et qu’ils allaient profiter de la démocratie, du libéralisme et rejoindre notre vision du monde ).

Les années 90 correspondent en fait à une époque très dure, tout sauf paisible, où des petits malfrats s’emparent de tout ce qu’ils trouvent. On voit surgir alors un peu partout des gros bras qui rackettent les commerçants sur les marchés et qui petit à petit, lorsqu’ils ne sont pas assassinés, montent les échelons et rachètent à bas prix, dans l’intimidation toutes les entreprises qui se retrouvent sous leur main. Si bien que le banditisme finit par parcourir toute la société de bas en haut jusqu’à arriver aux plus hauts échelons du pouvoir. D’une certaine manière, la situation actuelle en est le résultat puisque le pouvoir actuel est tenu par des anciens du KGB et par des cadres parfois enrichis de la corruption galopante après la fin de l’URSS, ( voire du banditisme ou pour nuancer tout au moins d’une culture du banditisme ).

Ce fut la génération des gardes du corps et des gangsters, ce fut aussi un grand massacre dit la sœur du poète dans un documentaire.

Boris RYJI vit une double tragédie, celle de la disparition de presque tous ses camarades dans des règlements de compte et celle d’une vocation un peu tourmentée de poète.

L’invasion de la poésie dans le destin rend ce destin tragique ( B.R ). Pour les russes, le destin du poète est forcément tragique, c’est souvent celui d’un homme libre qui devient porte-parole et victime sacrificielle, parce qu’il choisit la vérité contre le mensonge, la liberté contre le pouvoir. On ne compte pas les poètes morts dans des duels plus ou moins commandités ( comme Pouchkine et Lermontov ) morts fusillés ( comme Goumilev ) morts à la suite de campagne de diffamation comme Pasternak, morts en exil, morts au goulag ( comme Mandelstam et tant d’autres ) morts suicidés ( comme Maiakovski ).

Boris RYJI a choisi le suicide à vingt-six ans ce qui ne l’empêchait pas d’aimer la vie.

Il n’y a pas de tragédie inéluctable, la vie te donne sa bonté. Et la poésie est un hasard, pas une fatalité.
   Mais c’est bien là  la tragédie, la fureur dorée, la tendresse.
   Il n’y a pas d’éternité, rien qu’un instant, une heure.

Inéluctable, tragique espérance.

La violence, la déchéance sous-tendent les poèmes de RYJI mais recouvert par une sorte de paix feutrée, d’éternité, cette éternité qu’il semble pourtant démentir.

Dans le poème qui suit, tout est anesthésié, comme assourdi par la neige ; les soldats n’ont rien de ces soudards qui font parfois la triste actualité : ils jouent avec la neige et font figure d’anges ou d’enfants innocents.

  Le poète lui-même se compare à une sorte de Moïse, de prophète impuissant mais qui nous ouvre tout de même un chemin, un passage vers l’Eternité.  

Maintenant que la neige est tombée
dis-moi si nous vivons encore
ou si nous sommes enterrés ?
Non, ne dis rien : sur terre, au ciel ou dans la tombe
à quoi me serviraient les mots ? 
Je n’ai reçu du Seigneur ni la mer rose
ni la force de me venger des ennemis
mais la faculté de pleurer la peine des autres
et de sourire avec amour à leur bonheur.
Seuls au monde, trempés jusqu’aux os
des soldats lancent des boules de neige.
Ils ont la même blancheur sous leurs ailes d’anges.
Ils ne sont coupables de rien, comme les enfants.

Boris Ryji

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- vivre dans une maison de verre, Nicolas Rouzet  (texte illustré par sa fille Pauline Rouzet) (éditions Exopotamie).

Cette maison de verre c’est peut-être le rêve de vivre en paix, au moins avec soi-même, de vivre dans la transparence de ses actes. J’ai entendu une citation de Heidegger dans un film de Jean-Luc Godard qui dit : qu’est-ce que c’est que le langage ? Le langage c’est la maison où vit l’homme…

C’est peut-être un peu ça, ce que j’ai essayé de faire, construire une maison avec des mots, une maison commune puisque nous partageons tous l’expérience du langage, à défaut de partager la même langue.

Un seul arbre
suffit parfois à réenchanter 
notre déracinement.

Et la voix de l’homme, dispersée,
nous redevient amicale
même lorsqu’on n’en comprend pas un mot.

Un seul arbre.

N’ayant pas trouvé le mot,
j’ai perdu patience,

aveuglé par la neige
qui écrivait sur un ciel tendre

le poème dont j’aurais voulu être l’auteur.

Ce que la neige ne dit pas
la lampe le sait,

une fragile flamme sur l’autel
suffit à toutes les trêves,

avec la force de l’enfance
jaillissant dans ce chant nocturne
qui dissipe nos passions tristes.

Il existe un lieu où nous ne serons plus séparés.

Nicolas Rouzet

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7. Emmanuelle Sarrouy


QUE PEUT LA POÉSIE POUR LA PAIX ? 

Je crois qu’elle ne peut RIEN. 
Et à partir de ce constat nous pourrons dire qu’elle peut (à peu près) TOUT.
Elle s’installe dans les marges et nous y invite. Elle ouvre les portes, le regard, l’écoute… Elle r/éveille les consciences. Elle décadre. Change les points de vues. Désaxe. Même si tout cela se fait par petites touches… La poésie est contaminante d’une contamination joyeuse curieuse amoureuse. La poésie n’aime pas la guerre. Elle se révolte quand il faut se révolter. Quand elle sent que c’est nécessaire, vital. La poésie n’aime pas l’oppression. Toutes les formes de l’oppression. La poésie invite à la danse, la fête, l’amour, la compréhension de l’autre, la générosité, la solidarité. La poésie n’aime pas la guerre mais elle aime les gens de toutes contrées et de toutes nationalités. La poésie aime la diversité, et sur tous les toits, elle aime le crier. 

E.S. - Marseille, 23 novembre 2022 

————

À la manière de Lawrence Ferlinghetti 

La poésie ouvre les portes (closes)
Questionne les frontières
Habite les marges
Embrasse le monde

Quand le poème résiste
(à la guerre
à toutes les formes de l’oppression)
Il prépare déjà la paix 

La poésie est une luciole en plein cœur de la nuit (du monde).

La poésie est un pas de côté qui fait voler en éclats tous les tabous, clichés et préjugés millénaires.

La poésie est une phrase ardente qui alimente les torrents d’amour.

La poésie pose des questions.

La poésie lance les questions à l’horizon.

La poésie est une langue internationale.

La poésie est un grain de sable dans l’ordre du monde.

La poésie est une présence absolue et une constante attention à l’autre.

La poésie est un état de veille permanent.

La poésie est l’écho des voix inaudibles, dissonantes, étrangères.

La poésie est une mémoire vivante qui ouvre des voies vers des lendemains meilleurs.

La poésie est un dialogue avec les étoiles.

La poésies est la rencontre entre univers disparates.

La poésie est un manifeste impermanent.

E.S. - Marseille, 25 novembre 2022
À la manière de Lawrence Ferlinghetti 
(et son petit livre rouge Poésie Art de l’insurrection, MaelstrÖm rEvolution, 2007, 2012)

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Nous sommes le peuple libre

Nous sommes le peuple de la terre et des étoiles
       le peuple libre

Nous avançons
       souriant toujours
Nos sourires sont nos armes
       nos pioches
       nos laisser-passer
Nos sourires sont la puissance
       désarmante

Nous sommes le peuple debout

    Nous faisons tourner le monde

Nous sommes le peuple qui danse

Nous est le sage et le sauvage
       l’enfant et le vieillard
Nous est de tout temps
       inaliénable
Nous les puissants

Nous n’a pas de programme
pas de stratégie

Nous
est un chant
une symphonie de cœurs battant

Mélanie Leblanc, le manifeste du NOUS (les Venterniers, 2022) - 
extraits librement remontés

————


Nous de la Caraïbe,

nous sommes de la mosaïque, de l’hybridation,

de ceux-là qui croient que nous ne pouvons

pas faire le chemin seuls. 


Frankétienne

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Frères migrants (extrait)

Et donc, au cœur de cette ténèbre, ce qui n’a pas été prévu, qui s’affirme sur ces pancartes d’intensité amygdalienne, c’est que dessous cette mondialisation, tel le sillage sublimé d’une comète, s’ouvre la mondialise dont a parlé Glissant.

La mondialité, c’est tout l’humain envahi par la divination de sa diversité, reliée en étendue et profondeur à travers la planète. Par ses alchimies silencieuses, la mondialisé diffuse en nous la présence d’un invisible plus large que notre lieu, d’une partie de nous plus large que nous-même. Elle amplifie nos perceptions, démultiplie nos points d’accroche, en invente de nouveaux, suscite de l’inconnu et de l’imprévisible dans ce que nous vivons, nous émerveille et nous affole ainsi. Elle nous inspire le goût d’apprendre à vivre cet inconnu et cet imprévisible, à les accueillir sans en être renversé, les saisir malgré tout. Elle distille l’intuition d’un monde que nous habitons, qui nous habite, que nous touchons et qui nous touche, qui est déjà construit mais que nous pouvons continuer à bâtir, qui nous façonne mais dans lequel nous pouvons poursuivre un devenir. Elle nous infuse la sensation d’un monde ouvert et qui nous ouvre, impossible à fragmenter, impossible à totaliser, impossible à circonscrire, impossible à définir, qui se profile en ombres en traces en fuites en vides en chocs et en clartés dans d’insolites connexions de nos imaginaires. Un monde impossible à penser mais qui, par cet impossible, du fond de ce fluide souverain, pousse à l’effervescence des créativités. Un monde dont plus rien ni quiconque n’est le centre ni la périphérie, ni le maître ni l’esclave, ni le colon ni le colonisé, ni l’élu ni l’indigne, où seul règne l’incertain dans lequel nous tombons, et solitaires et solidaires, également désarmés, en sensible extension et jouvence poétique.

Patrick Chamoiseau, Frères migrants (Seuil, 2017)
Lire également en fin de livre la merveilleuse Déclaration des Poètes (en 16 points).

————

C’est ça que j’appelle changer le monde.

Changer les imaginaires, c’est aussi changer la vie. […]

C’est que la poésie est la magie qui change le regard des humains.

Et la poésie est alors cette arme miraculeuse qui nous rend à notre humanité.


Rodney Saint-Éloi


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quand le poème résiste rien n’est trahison
quand le poème résiste l’humanité a bon goût

j’entends l’urgence d’habiter
les horloges les cartes du monde
je veux fouler les sentiers du poème
résister
exister vivant parmi les vivants
utopie que je signe et hurle

Rodney Saint-Éloi, prologue à Nous ne trahirons pas le poème (Mémoire d’encrier, 2019)

————

GENS D’AVENIR
PEUPLE DU DÉSIR

L’automne n’avait pas attendu pour
Crier son malheur

Au peuple ukrainien
Au peuple russe 
À tous les peuples
Exilés déchirés séparés
D’ici et d’ailleurs
Victimes collatérales
Des conflits d’intérêts
Et autres luttes armées

Nous sommes 
Poètes écrivains
Poètes guerriers de la liberté
D’agir et de penser
Gens d’avenir embarqués
Au détour des tranchées

Nous sommes 
Poètes lisant et chantant
Nous sommes
Taras Chevtchenko
Vladimir Maïakovski
Velimir Khlebnikov 
Mikhaïl Boulgakov
Anna Akhmatova
Ossip Mendelstam
Marina Tsvetaeva
Lina Kostenko
Serhyi Zhadan
Ella Yevtushenko
Dmytro Lazutkin
Natalka Bilotserkivets
Yuliya Musakovska
Yury Zavaedsky
Volodymyr Vakulenko
Nous sommes

Et tant d’autres sans voix 

Nous sommes
Poètes futuristes
Pacifistes
Alarmistes
Peuple du désir
Nous sommes 
Artiom Kamardine
Egor Chtovba
Nikolaï Daïneko
Et toutes celles et tous ceux dont on ne parle pas
Injustement arrêtés frappés tués
Pour avoir chanté désir de paix
Des peuples maltraités

Nous sommes 
Enfants défenseurs de
Nos libertés interdites
Contre toutes formes
Intolérables
D’oppression

Nous sommes
Peuple du désir
Les fleurs sauvages qui poussent
Dans Kiev anéantie
Nous sommes 
Les escaliers d’Odessa
Potemkine dans un film d’Eisenstein
Marches prophétiques d’éternelle rébellion
Nous sommes
Les rives éplorées du Dniepr
Qui broient du noir en attendant
De renaître en Technicolor
Nous sommes
Les murs criblés de blessures
De Donetsk Marioupol 
Zaporijia Kherson
Tchernihiv Kharkiv
Tcherkassy Tchernobyl
Et toutes vos villes enflammées
Et toutes vos terres endeuillées
Tristes refuges aux contours cadavériques

Nous sommes vos frontières débordantes
De passages d’échanges et d’ 
Inaliénables fraternités
Moldaves 
Roumaines
Hongroises
Slovènes
Polonaises
Biélorusses
Et Russes oui Russes aussi
Nous sommes

Et nous nous baignons
Dans le sang d’encre 
Étrange mer noire 
De nos cœurs blessés
Par tant d’absurdité

Nous sommes
Nijinsky
Poètes écrivant et chantant
Nijinsky dansant éternellement
À l’aube des renouveaux
Avec vous toujours
Gens d’avenir
Peuple du désir 


Emmanuelle Sarrouy - Marseille, le 05 octobre 2022 

 

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La rencontre s'est ensuite poursuivie en deux temps. Atelier de lecture à voix haute, AD ALTA VOCE, mené de mains de maîtres par nos amis Marc Ross et Dominique Sorrente. Quelques exercices-gymnastique-d'articulation-respiration plus tard et en échos surgirent de nombreuses et étonnantes propositions en solitaire, en duo, voire en trio. Ou comment redonner vie au texte, quel qu'il soit ou quelle qu'en ait été l'intention originale de son auteur, et l'appréhender différemment à la lumière d'un éclairage neuf.

 

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Vint ensuite, pour clore cette après-midi et démarrer la soirée en beauté, le temps suspendu d'une lecture musicale, nouvellement arrivée, un parcours poétique de pierre à pierre, d'un poème à une chanson, proposée par Dominique Sorrente avec la voix complice d' Audrey Gambassi : D'une pierre l'autre.

 

Il ne restait plus qu'à s'embrasser… Et fixer dare-dare le rendez-vous des prochaines retrouvailles.

***   ***   ***   

 

Pourquoi donc les mots paix et monde ne sont-ils pas synonymes ?

Pourquoi donc la paix, selon certains, n'existe que dans l'autre monde et,

selon d'autres, pas plus dans ce monde que dans l'autre ?

Nikolas Fedorovitch Fedorov

Philosophie de la cause commune

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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