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  • À LA DIGUE DU LARGE : quand le poète Dominique Sorrente et le peintre Gilles Bourgeade se relient pour le meilleur...retour sur une lecture à l'atelier très réussie

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    Ce dimanche 11 octobre, ils l'ont fait, et bien fait. Par trois fois.

     

    La triple rencontre était un bon choix. Audacieux, car il n'est pas (encore?) habituel de sacrifier au rite des réservations dans le monde des poètes et des peintres. Précaution sanitaire oblige, il faudra sans doute changer les habitudes... Payant, parce que les invités ont répondu présents, sont venus à l'étage écouter, voir, partager ces instants "à la Digue du Large". Par trois fois, à 16 heures, 17h30 et 19h, on a ainsi pu découvrir le nouveau livre de Dominique Sorrente et Gilles Bourgeade, édité par Tipaza dans la nouvelle collection Nota Bene.

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    Le lieu s'y prêtait, et ce fut pour beaucoup une autre belle découverte. À l'étage du 25 cours d'Estienne d'Orves où Christine Fabre Bourgeois travaille la reliure depuis plus de 20 ans. Un atelier hors du commun, où tentures, papiers, cuirs, œuvres et préparations forment un décor étonnant.

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    L'auditoire (autour de 20 personnes à chaque fois) a ainsi pu admirer les Digues créées par Gilles Bourgeade qui étaient exposées en deux formats, ils ont aussi échangé avec les deux artistes lors de la signature. Et ils sont partis en voyage, le temps d'une suite de poèmes. À la baguette, Dominique Sorrente a joué l'homme-orchestre au service du livre ouvert. Mû par une passion obstinée, lui qui fut aussi longtemps professeur n'a pas oublié le plaisir des synthèses, le goût d'éclairer les bouts de réel, en semant ce qu'il faut de fantaisies et d'humour dans son discours pour aller à la rencontre de l'auditoire. Présentation des deux itinéraires, de la rencontre entre les œuvres, des choix de l'éditeur; lecture de tel ou tel poème, extrait du livre ou de carnets en cours; chanson, également, avec la guitare compagne ou l'hallilitar, venus rappeler que les arts sont singuliers mais ne respirent vraiment bien que lorqu'ils se font signe.

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    Autour de la très grande table de travail où le public s'était installé comme à un repas d'un genre particulier, il y eut une belle énergie communicative. Et l'on put lever les verres à ce temps de poésie prélevé sur les malheurs, empêchements, craintes.

     

    La chance voulut que cette rencontre se passât de peu avant l'instauration du couvre-feu.

     

    On peut penser que les choses n'en resteront pas là entre le poète, le peintre et la relieuse. Ça sonne comme une fable heureuse...

     

    Le livre "À la digue du large" (20 euros) est disponible à l'atelier de Christine Fabre-Bourgeois sur demande, ainsi que les pastels exposés par Gilles Bourgeade dont quelques-uns restent en vente.

     

     

                                              Anne J. Lofoten

     

     

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  • Celle qui devient abeille

     

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                   à Patricia, d'un 17 octobre à l'autre, in memoriam

     

     

    Seule, avec tous,

    sans mot d'ordre,

    elle se hâte

    en héritière de nos traces,

    noyau gonflé de miel.

     

    Sur les barres de fer du futur,

    de ses pieds libres et soulagés,

    elle danse.

     

    Parfois elle s'amuse

    à ne plus du tout parler sur nos lèvres.

     

    Avec le quotidien

    qu'elle sculpte en son corps,

    elle fait silence.

     

    Silence

    à la nuit rousse des collines,

    dans les prémices de l'éclair.

     

    Et puis, un jour, vous la voyez vraiment,

    interminable et fugitive, c'est elle,

    l'abeille enceinte de l'été.

     

     

                        ( extrait de La Terre Accoisée, Cheyne éditeur, 1998)

     

  • ENTRETIEN EXPRESS AVEC D SORRENTE à LA DIGUE DU LARGE

     

    à l'occasion de la sortie de A la digue du large (créé avec le peintre Gilles Bourgeade, édition Tipaza, 2020), Dominique Sorrente trace quelques repères pour la lecture-signature-expo qui se déroulera prochainement à l'atelier Christine Fabre Bourgeois à Marseille. Une mise en condition tonique !

    En route pour le déchiffrement...

                                           

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         Dominique Sorrente                Gilles Bourgeade

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    AJL : Côté livres, on vous avait quitté en poésie (avec « Les gens comme ça va » (Cheyne, 2017), qui portait toute son attention à l’humain contemporain, étrange et familier, au sortir des attentats de 2015...Ici, on vous retrouve au contact avec les éléments, et notamment la mer, votre proche horizon à Marseille, comme un prolongement de cet autre livre, "Mandala des jours". D’où écrivez-vous aujourd’hui?

     

    DS : J’écris d’où ça me chante !  "Est-ce ma faute à moi si ce n'est pas le même à chaque fois..."(sourires). Chaque pierre de touche me renvoie à l’autre. Ce n’est jamais le moi raisonneur qui commande les poèmes. Ici, je ne délaisse pas la pâte humaine, loin de là. Mais je réapprends à respirer pleins poumons et j’aimerais donner à respirer face à la mer.

     

    AJL : C’est un livre à double entrée. Un poète, Dominique Sorrente et un peintre, Gilles Bourgeade. Comment se passe la  co-existence entre les auteurs ?

     

    DS: Complicité, connivence, compagnonnage...espérons que nous n’en restons pas à la première syllabe…! Gilles Bourgeade est un peintre d’une rare agilité, à l’écoute des poètes depuis longtemps. Lorsque je lui ai avoué ma passion pour le ping-pong, aussi bien physique que mentale, il a répondu banco ! Nous avons réalisé un « Carnet à double vue » pendant le confinement de printemps. Ici, avec A la digue du large, la mise en résonance a également opéré. Et Gilles Bourgeade a inventé ses digues en contrepoint des poèmes. Son art est de créer un univers ...parallèle...sans que l’image ne dévore jamais l’aventure des poèmes. Dans ce travail de pastels, il glisse entre Turner et Rothko, si j’ose dire…Et, comme disent les sportifs, il a un gros volume de jeu qui mérite le respect!

     

    AJL : Et l’éditeur, Tipaza ? On voit vite que ses livres sont réalisés avec un sens aigu de la forme…

     

    DS : Oui, Gilbert Casula et Yvy Bremond sont particulièrement attentifs à la disposition graphique, aux alliances des formes. Et jamais en panne de projets innovants. « A la digue du large » est le premier livre d’une nouvelle collection Nota Bene qui accueillera bientôt un deuxième ouvrage, « Ajouter au désordre », de Jacques Brossard et Roland Kraus. Des ouvrages en série limitée ( et avec quelques rares exemplaires de tête) qui, je l’espère, trouveront leurs lecteurs. Il faut saluer les éditeurs, tels que Tipaza, qui réalisent des livres de poésie dans la conjoncture actuelle.

     

    AJL : Comment voyez vous la rencontre avec le public ?

     

    DS : J’aime dire qu’écrire, c’est ouvrir une fête. Et pour qu’elle soit réussie, il est indispensable de partager une rencontre. C’est la raison pour laquelle nous avons donné rendez-vous avec les futurs lecteurs, ce dimanche 11 octobre, à Marseille, au 25 cours d’Estienne d’Orves. C’est un immeuble emblématique de la vie artistique, avec au rez-de-chaussée la librairie salon de thé Les Arcenaulx, et aux étages plusieurs ateliers d’artistes. Notre rencontre est accueillie par la relieuse d’art, Christine Fabre Bourgeois, ce qui est réjouissant et correspond bien à la démarche de tissage entre les arts que pratique aussi  notre livre.

     

    AJL: Et quel sera le mode d'emploi de la, ou plutôt des rencontres ?

    DS: Rencontre au pluriel, vous avez raison. Trois séquences sont prévues pour garder une jauge adaptée compte tenu de l'épidémie en cours et des précautions sanitaires que nous respectons. Une séquence à 16h, une à 17h30, une à 19h. Le public doit juste réserver par mail ou téléphone. Il y aura la partie signature des exemplaires, puis une présentation du livre par les auteurs. Je donnerai une lecture à voix haute de quelques poèmes, ma guitare traînera dans les parages... Sans oublier de jeter un regard sur l’exposition d’oeuvres de Gilles Bourgeade et un échantillon de mon fonds personnel d’auteur.

     

    AJL : Le poème pour relier, en somme ?

    DS : Oui, plus que jamais, en ces temps de recroquevillement, de frilosité, je plaide pour des moments de rencontre, comme nous le faisons au Scriptorium. La pandémie actuelle n’est pas une parenthèse, elle signe une mutation, selon moi, et nous devons donc trouver des solutions, des pratiques adaptées, sans rien céder de notre ferveur. En aucun cas, nous ne sommes appelés à nous dissoudre ! Vivre sous le signe de la poésie, c’est désirer ardemment nous relier, avec les mots dans leurs capacités de vibration. La poésie est d’abord un creuset, un lieu medium dont nous, les poètes, les artistes sommes les vecteurs privilégiés.

    Il y a du bonheur à créer ces moments, et encore plus à les vivre à plusieurs. J'espère que le public répondra à cette invitation à "ouvrir la fête"...

     

    AJL : Et j’imagine alors que vous allez lever votre verre ?

    DS : (sourire)

    Je lève mon verre (invisible)

    à la beauté, la clandestine,

    la fugitive encore à naître,

     

    à celle qui ne demande pas la permission

    d’entrer, de sortir, de passer…

     

                                                                                 

                   Propos recueillis par Anne J.Lofoten

     

                                        ***

    Pour participer à la signature-lecture-expo de A la digue du large, trois rendez-vous sont prévus : à 16h, 17h30, 19h.

    Réservation obligatoire à poesiescriptorium13@gmail.com ou par téléphone : 0491339331

    Adresse : Atelier de reliure Christine Fabre Bourgeois, 25, cours d’Estienne d’Orves, 13001 Marseille

     

                                                         

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