© Photo Boris Pasmonkov
C’est ainsi que je te voulais
sur le grand lit écartelée
et toute pudeur en allée
Je t’ai connue tulipe close
puis un vent noir nous emporta
vers de pourpres jardins aux roses
où tu naquis entre des draps
Souveraine et impénitente
nue mais plus nue de le savoir
pour les solennelles ententes
de nos nuits comme des mouroirs
C’est ainsi que je t’ai volée
sur le grand lit écartelée
et toute pudeur en allée
* * *
Tu es l’odeur d’une fourrure
du pétrole bleu dans le port
Tous les vents à leur encolure
le sel et les sables d’Armor
tu es l’oubli d’une coiffure
la silhouette d’un décor
Le jeu d’une tendre torture
où le tricheur est le plus fort
Tu es l’invisible fêlure
du géomètre de la mort
* * *
Fille de Dundee
qui me sers le thé
tu es du pays
des châteaux hantés
Redis-moi redis-moi encore
cette légende de linceul
fantômes de Glamis Castle
et tous les comtes de Strathmore
qui tremblent d’avoir un secret
lorsque la mort vient les sacrer
insoupçonnable vagabonde
dans ce château le plus hanté
du monde
Fille de Dundee
en naïveté
tu es du pays
des temps arrêtés
Tes histoires sont comme une vieille chanson
et j’aime dans tes yeux ces ombres de frisson.
Louis Calaferte,
extrait de Londoniennes [Rag-time, Poésie/Gallimard, 2002]
Commentaires
C'est une vrai excellente idée de ressortir le grand Louis, pur plaisir.
Merci Gilles-Marie, étonnant et bousculant Calaferte oui. Ça valait que l'on ponctue un 14 février en flammes, au-delà du bouquet de roses.