Nous sommes un et deux, ou bien quelques, parfois,
plusieurs dans les parages,
nous sommes l’eau, la soif, les cailloux bruns,
avec les autres, ceux qui tissent les mots dans le sillon commun,
portrait groupé avec signaux, faits en bras d’allumettes
qui tentons d’obscurs alphabets.
Quinze ans d’écritures tressées.
Et le vent, toujours lui, avec ses figures de manège !
À l’occasion du jeudi de l’Ascension, et pour accompagner les 15 ans de notre groupe, le Scriptorium propose une caravane poétique au mont Ventoux.
Cette marche, qui ne présente pas de difficulté pour les marcheurs ordinaires, sera l’occasion de partager un temps de lecture et d’écoute avec une déambulation à plusieurs, ce qui est le principe de nos caravanes poétiques.
CÔTÉ MARCHE
Le rendez-vous est fixé au Chalet Reynard, à 10 heures. Pour ce faire à la hauteur de Bedoin (84), empruntez la montée du mont Ventoux versant Sud. Les voitures se garent devant le Chalet Reynard.
Le départ aura lieu à 10h15. La caravane durera 2 heures et demie environ et se terminera à 13h par un repas pique-nique tiré du sac qui aura lieu sur un tapis d’herbe à la Fréchière.
Notre parcours se déroulera comme suit : À partir du Chalet Reynard, nous monterons une centaine de mètres jusqu’à l’entrée du vallon de la Grave. De là, nous quitterons la grande route à lacets qui mène au sommet pour emprunter le chemin forestier de la Grave qui est plat et gentiment sinueux, à flanc de montagne.
Nos haltes se situent sur ce parcours.
Au retour, nous prendrons le café (et plus, si affinités) au Chalet Reynard avant la dispersion.
CÔTÉ ÉCRITURE
Le thème de lecture de notre rencontre sera « écrire le mont Ventoux » ainsi que le texte de création collective que les « habitants » du Scriptorium ont rédigé à l’occasion des 15 ans de l’association.
Chaque participant est donc invité à proposer :
- - un texte (prose, poème) sur le Ventoux
- - un texte prenant en point d’appui un fragment du texte collectif (lire ci-dessous les amorces) et s’échappant à volonté
Les haltes prévues sont les suivantes :
Bivouac 1/Plaine des Hermitants - « Tout devrait tenir dans le creux d’une main »
Bivouac 2/Station des hêtres - « Là est le danger, là est le vif aussi »
Bivouac 3/Le dévaloir des pierres « Un jour, il y a de belles ruminations dans le pré »
Bivouac 4/ Feuilles tombées de la Fréchière « à quinze ans le corps a soif, vertigineusement soif »
Pour des raisons d’organisation, nous demandons une inscription avant le 12 mai au soir (participation financière libre-l'adhésion au Scriptorium 30 euros est souhaitée, mais pas obligatoire) à l’adresse mail du Scriptorium : poesiescriptorium13@gmail.com
en précisant, si possible, si vous donnerez une lecture (3 minutes maximum).
Les guides chameliers du jour de la caravane ascensionnelle des 15 ans au Mont Ventoux sont Dominique Sorrente et Olivier Bastide.
Contact SOS Caravane poétique : 0650912617
ou 0633886400
En cas d'intempérie annoncée, la caravane sera annulée.
Commentaires
Je suis bien désolé de ne pouvoir venir
avec vous et monter ce Ventoux merveilleux.
A Bientôt amitiés.
J'avais écrit aussi cela, pour les quinze ans!
Pour les quinze ans du Scriptorium
I
De ce temps qu’on nous dit le passé,
En ce hier oublié, ce lointain,
Ces premières réunions attablées
Et ces mots échangés à la main.
Reste-t-il une odeur ou des voix ?
Quand les textes jaunissent
Evadés des mémoires
Enterrés au dos de couvertures glacées,
Il faut les soulever et trouver
La lumière en les lettres.
Et les voix sont rendues,
Comme on souffle les braises.
Des années accomplies
Et ce temps révolu
Tout ce monde perdu
Le voilà réagi.
Et soudain apparu
Sans aigreur, dégagé
Des scories du présent
En douceur maintenant,
Devenu souriant
Il nous prend à aimer,
Souvenir en gaité
Attendrie de l’avant.
II
Vieil Arthur au bateau échoué au Roucas,
Le soleil des couchants t’a rendu
A défaut de Florides, les rocs de Tiboulen
Et ton œil a souri, amusé d’avoir vu,
Sur tes flancs réchauffés, nombre de vieux gamins
Et donzelles réjouies, déclamer quelques vers,
Et farcir en ragout au devant de la mer,
Le navire que tu vis enivré des incas.
Et la baie, protégée des embruns, comme un lac
Catalans sablonneux regardant Ratonneau
Accueillit un lâcher de ballons en rondeaux
Et des vers éphémères avalés du ressac.
Les châteaux et bories, au chemin du Comtat,
Pour nos pieds ont rythmé au tambour des cailloux,
La chanson des marcheurs, pour l’Enfer et les fous,
Divine Comédie, dans le vent Venaissin.
C’est aux Milles, qu’il fallut retenir la leçon
Des moments rappelés de ce noir avant-hier
Et ces autres poètes, assemblés en prison,
Que l’Etat a tué ou blessés en wagons.
Au public assemblé d’instruments de musique,
Au regard des violons, dans la mire d’une harpe,
Sémaphore sommes nous, pour un art poétique,
Et surtout un plaisir, partagé des agapes.
27 mars 2015
Gérard Boudes