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Jean-Marie Berthier, poète du haut coeur

 

Cette ligne de vie dans l'exil de parler

 

Il faut entendre Jean-Marie Berthier quand il allonge sa mémoire, quand il accueille en page les chiens perdus de l’amour, les terrains vagues et le « clair de corps ». Sous sa plume, on découvre une étonnante évidence qui n’a que faire des empêchements contemporains, des manques langagiers qui assèchent, du faux imprononçable.

C’est que pour ce poète du haut cœur, l’enjeu a depuis longtemps avoué sa mise : survivre au malheur des séparations essentielles, témoigner du lien entre les vivants et leurs disparus, tenter en mots de fortune l’amitié du passe-muraille et l’accompagnement des étoiles. Et croire cela surtout au cœur du vertige humain:« On n’a jamais vu l’éclair/ oublier la nuit ».

Gorgée de scènes, prises au lointain de l’âme, une poésie se déroule alors en chant de troubadour, portée par une voix ardente et chaude, reconnaissable entre toutes. C’est une boussole de langage à tenir, vaille que vaille, qui nous rappelle, au cas où nous l’aurions oublié, que l’amour parle en poésie comme en sa langue première, et encore que le poème, enfant aux bras ballants, reste la seule et si précieuse monnaie du jour pour porter le « fardeau de douleur de ma peau ».

Aux éditions MLD (www.editions-mld.com), est paru en 2009 le très bel ouvrage « Attente très belle de mon attente » où le lecteur retrouvera la « gravité foudroyée » de l’auteur des Arbres de Passage, son émouvante célébration du temps cathartique de la conscience.

 

Dominique Sorrente

 

 

Cadre bio JMB.jpg

 


LE FEU JARDINAIT EN SILENCE

 


Ce qui fut dit

fut aimé

 

Ce qui fut fait

fut chanté

dans ce temps

levé comme une gerbe

 

Le cœur dessinait ses collines

et la peau ses labyrinthes

mais seul un vent mauvais

pouvait en elle s’égarer

 

Le feu jardinait en silence

les ailes des oiseaux déchus

 

Ce qui fut dit

fut jeté

Ce qui fut fait

fut coupé

 

Sans aucun jugement

furent tondues les gerbes

 

Jean-Marie Berthier

(extrait de Attente très belle de mon attente)

 

Commentaires

  • Et la pierre
    tombale
    resta marbre grinçant

    Le moineau
    éperdu d'impatience
    voulut piquer les veines rouges

    Ce fut quelques jours
    avant le sommeil

  • "Cette ligne d'exil dans la vie du parler", ça sonne beaucoup mieux, non?

    On peut rapprocher cela d'un des derniers textes d'Edith Azam "on ne m'approche que par la parole".

  • Je viens de terminer "Dans le jardin des dieux abattus" pour y entrer.
    Merci à Jean-Marie Berthier. Quel beau talent.

    Un lecteur du hasard

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