CARAVANIER DU PRINTEMPS
Le poème aujourd’hui réclame
une autre route.
Au pas incertain des voyelles,
dans des consonnes qui brinquebalent,
il avance déhanché
avec des mots de passe pour l’exil du dedans.
Mes amis, vous vivez déjà, le saviez-vous,
dans la ligne de rupture des vagues.
Alors, regardez-la, cette caravane de mots
qui sort peu à peu de la page
pour rejoindre l’inaccessible de la mer.
Elle avance avec sa suite dans un intervalle du temps,
minuscule et précise
au ruban bigarré des strophes,
au tintement irrégulier des rimes
qui s’entrechoquent.
Elle, si longtemps contenue
dans la fabrique des colères, des replis,
elle déborde à présent des cahiers, elle se pare
des chapitres du vent,
elle passe en légèreté par le chas de toutes les aiguilles
des empêcheurs du temps de vivre.
Caravanier, nouveau venu de la parole improbable,
fais de ton pas multiplié en bord du jour
l’intrigue heureuse
qui inventera avec nous le printemps.
Il suffit de te mettre en route
au chant des verbes à ciel ouvert,
faire écho
à la voix de quelques poètes
pour retourner en mots splendides
le désespoir ou la mélancolie.
Caravanier du printemps, grâce à toi,
le secret du monde deviendra, un instant,
public.
Dominique SORRENTE
AUX CARAVANIERS DU PRINTEMPS
…Il est l’heure de vivre un moment différent. Rare aussi bien qu’intense. Retrouver les énergies que la poésie nourrit : capacité à réveiller, étonner, détourner le cours somnolent ou subi des choses…
…Notre façon : faire se rencontrer sonnet, hai-ku, slam, performance, écriture linéaire ou pratique d’hypertexte, voix chuchotée ou parole déclamée, et toute autre forme d’expression poétique, sans exclusive, en laissant à chacun la liberté d’aller à son pas et de faire son marché inspiré dans ce foisonnement voulu.
Notre méthode : la marche à plusieurs. Parce que la poésie à ciel ouvert et portée par la voix retrouve hors les murs une nouvelle vitalité citoyenne. Parce que mettre un pied devant l’autre est un acte d’humanité qui ne réclame aucun diplôme, aucune distinction sociale, aucun passeport de conformité. Parce que la parole partagée ne nie aucunement la solitude des auteurs, mais l’empêche de se corrompre en isolement.
Notre esprit : celui d’une promenade en nomadie joyeuse et bigarrée, qui pratique les contre-pieds, aime rire et respirer en bord de mer l’appel du large, sans oublier les humeurs parfois périlleuses du trottoir ! De l’entrée du vallon des Auffes à la plage des Catalans nous irons jusqu’au jardin de la Rade où se tiendra le bivouac final avec ses joutes oratoires et ses confidences publiques.
À Marseille, il est temps que la poésie devienne polyphonique. Et déjà un écho inattendu s’est fait du côté d’Alep en Syrie. La caravane des mots est de toutes les rives. C’est le pari de notre aventure de caravaniers poètes. Nous vous invitons à saluer ensemble un Printemps tonique qui défiera les mauvais génies de la crise.
À samedi, caravaniers de la belle circonstance !
Dominique Sorrente
(Extrait de la DÉCLARATION DE LA CARAVANE 2009…)
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