Dominique Sorrente a publié plus d'une vingtaine de livres de poésie qui sont autant de haltes sur son parcours de vie.
À l'occasion des 40 ans de La lampe allumée sur Patmos, ouvrage publié pour la première fois chez Cheyne éditeur en 1982, il propose un voyage d'étonnement dans son univers poétique toujours en mouvement. Comme s'il redécouvrait dans un nouveau regard le fil rouge de ce qui l'anime depuis toutes ces années.
Le poète qui, depuis ses débuts, accorde une place particulière à la voix haute, a choisi ici de présenter lui-même son itinéraire à la manière d’un journal de bord. De livre en livre, d'une halte à la suivante, d'une pierre l'autre, ainsi va la traversée des heures.
Le public est, de ce fait, invité à une rencontre rare: découvrir ou retrouver, par la voix même du poète, la singularité d'une œuvre aux registres variés (poésie, chansons, chroniques, micro-fictions) qui va son chemin à l'écart des modes. L'écriture se découvre pas à pas, elle mêle tonalités graves et souriantes, plaisir narratif et ferveur mélodique, quête métaphysique et humour impressionniste. Une voix où la veine troubadour n'est jamais absente.
Parole nue, accompagnement à la guitare, mélodies chantées, improvisations sonores, calligraphie des instants, conversation sans filet, le récital se déploie d'une halte à l'autre, laissant la part belle à la création dans tous ses états.
À l'image de la poésie du vivant que Dominique Sorrente aime offrir. Au défi des malheurs. Face à l'inouï.
Une traversée du désir sans escale. D'une pierre l'autre.
À l'atelier 27 à Grasse qui fait la part belle aux innovations, la soirée devrait être belle. Et agrémentée de surprises!
contact-réservation: Alexia 0622354380
ou poesiescriptorium-marseille.fr
***
POÈME POUR LA TRAVERSÉE DU DÉSIR SANS ESCALE
Tu pars avec moi, mon désir,
toujours un peu en avance.
Et moi, je tente de te rejoindre
et de passer à ta hauteur pour te voir faire.
Tu portes ton bric-à-brac, ton eau-de-vie,
tes maquillages, tes jeux de cartes.
On dirait que tu as faim de tout,
de femmes, de feuillages, d'averses passagères,
d'oiseaux sans nom avec leurs gloires miniatures.
Tu n'as aucune vue sur le monde, mais tu aimes
toutes les brèches, toutes les passes du vent.
Pourtant, je ne comprends pas bien qui tu cherches
au coin des rues.
Tes yeux malmènent mon ventre,
c'est la loi du genre.
Et tu repars déjà, mon désir,
tu repars toujours,
même à bas bruit,
vers un bout d'infini dont tu ignores le secret.
Je vois l'ombre que nous faisons ensemble
et je vois la clarté.
Et tout cela qui me dépasse d'une tête, au moins,
me fait signe que tu n'es jamais loin.
Tu te poses dans un creux.
Et puis, vite, tu sautes à nouveau
parce qu'une nouvelle journée se signale à l'entrée du port.
Dis, mon désir, dans quel état serons-nous
à la fin de l'histoire ?
Arriverons-nous
ensemble
à la maison de l'heure bleue ?
( inédit)