Nous étions huit scripteurs à participer à l’atelier d’écriture animé par Marie Ginet samedi en amont de la veillée poétique autour du feu.
Pour certains il s’agissait d’une première expérience en atelier, d’autres étaient des écrivants plus expérimentés, tous avons été attentif et heureux de découvrir le fil singulier d’écriture qui se dessinait sur la page au gré des consignes et séquences proposées par l’animatrice.
Le thème général était « l’écriture », justement.
Nous avons ainsi progressivement exploré les supports, lieux, motifs ou rêveries sous-tendant l’acte d’écrire. Et apprécié les retours bienveillants et forts constructifs de Marie.
La dernière séquence fut une séquence d’écriture et de lecture croisée des productions de chacun, que voici ici retranscrite :
J’écris dans le feu des forêts et des mers déchaînées
Dans la flamme des cœurs mêmes
Pour aller chercher plus loin que les mots qui se donnent d’emblée
Intérieur, extérieur
Flux de mots de sang
Je t’écris pour creuser la vase de la mémoire
Blotti que tu es au creux de son ventre
Les notes de musique s’évadent en toute légèreté et
J’écris pendant que les aurores boréales s’entrechoquent dans le ciel norvégien
Lettres de tags aux murs
Mots de feu apeuré, brossé de cendres toi tu écris
Enluminé de rêves, la vie des doigts, du silence, moi
J’écris pour attirer la phrase
Lâche un peu tes dispositifs, tes consignes pour extincteurs
A-t-on jamais vu une fleur s’empêcher de parler ?
A-t-on jamais vu une fleur s’empêcher de parler
J’ai du feu dans les yeux
L’envie de chopper l’instant
La fulgurance d’un drôle de mot
Qui m’a traversé l’esprit et la tête comme une étoile filante
J’écris pour questionner, toujours
L'atelier fut ensuite rejoint par les autres "flambeurs" de la veillée. Qui portaient vivres et lettres et motifs d'étonnement. Bien belle décidément fut la part du feu. Y compris pour Stratis le marin de Seféris...
Une façon de saluer 2016 avant de le passer par les flammes.
Commentaires
Traces
Un poète, çà se suit à la trace ?
C’est ainsi qu’un jour, je fus interpelé : « Et là, vous, oui vous Monsieur, venez un peu ! »
Sans comprendre, je me suis approché de l’homme en uniforme : il voulait mes empreintes.
- Mes empreintes, mais lesquelles ? Celles de mes pas, de mes doigts ou de quoi encore ?
- Je vous demande vos empreintes, a-t-il répété.
Il m’a présenté alors une espèce de boite.
- C’est là, allez-y, m’a-t-il ordonné.
C’est ainsi que je suis parti, avalé par cette matière molle, où je devais abandonner mes traces.
Quant à moi, je ne présente plus que mes papiers.
Je suis pris, il est vrai en filature et prends garde à ne plus dévoiler de rimes.
Sous sa casquette, derrière moi, un homme marche.
Il me suit et parfois me vole : un pied, un octo, un déca…syllabe et parfois un hémistiche tout entier.
Mais que pourra-t-on dire, quand j’aurai disparu avec mes papiers ?