Il n’y a plus de match France-Allemagne qui tienne,
plus de concert des aigles du métal mort,
plus de tournée à offrir au Café de la Belle Équipe,
ni de bière à siroter dans la salle du Carillon
ni de commandes pour un dessert au Petit Cambodge.
Il n’y a plus
de chaussures à talons pour battre le pavé,
de paquets-cadeaux à préparer
avant le passage en caisse,
plus de devantures à lécher des yeux,
plus de billet de loto
à rapporter pour le vendredi jour de chance.
Il n’y a plus de déflagrations
pour trouer les ciels, un à un,
plus de corps qui tremblent parterre et tentent de ramper
hors de la scène,
ou disparaître en fœtus d’oubli sous les rideaux.
Plus de ces cris jetés,
hoquets d’artères, appels en miettes,
hors de la boîte à paniques, hors du coffre aux terreurs.
Hier se raconte soudain en conte de fée oublié
barré d’une croix rouge.
On a déposé les photos des jours heureux
en icônes improvisées sur les rebords de nuit.
Maintenant, c’est l’âge du creux, la cérémonie de la faille.
Deux passants, droit debout,
absents du temps,
main dans la main écoutent
le glas qui tombe en avalanche d’une cloche à l’autre,
déposant devant eux
toutes le guerres du monde.
Maintenant, c’est le signe de la pitié,
bougies et armes blanches,
qui descend en poudre sur les fronts.
Maintenant, il y a au milieu du tamponnage des bruits,
des instants routiniers qui vaquent à leurs occupations,
commentaires en boucles d’images
et jacassements qui reprennent déjà,
il y a
le temps du roulement dans les feuilles d’automne
qu’une enfant de quatre ans
lève à pleines brassées.
Maintenant, il y a
le suspens de vivre,
l’autre porte de la mer qui s’ouvre,
la trajectoire sans fin.
Cette minute de silence qui cogne,
cogne aux tympans.
Dominique Sorrente
Strasbourg-Paris-Marseille
ce 16 novembre 2015
Commentaires
Merci Dominique, nous l'avons échappé belle mais je pense que cette soirée soit seulement le début d'une ère qui va tout troubler. Je vous embrasse. Rio
Touchant !
Vous avez trouvé les mots et les phrases qui " cognent ". Merci.