UA-156555446-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Intervalle "Marseille dans tous ses états" 21 septembre 2013

    EN SEPT APPROCHES        

     

    I

     La lumière est toujours à même de s'ouvrir à l'obscurité; dès le commencement soleil eau et espace. Pauvreté et chômage apportent sur les plages un poids plutôt léger, mais le texte que la ville écrit sur le sable demeure mélancolique, même si les vagues l'effacent aussitôt.

     

    Marseille par Jeannou.jpg

    II

     

    Vues d'en face, les maisons sur le port semblent inscrites dans le réseau des mâts des bateaux; l'une ne se tient pas sans celle d'à côté et qu'aucun souvenir pris dans une autre perspective n'existe. De jour comme de nuit les mains tendues ne se rencontrent que dans les têtes. Le port a pris possession de l'homme, de son corps et de son âme et les cicatrices tatouent sa mémoire sur la peau.

     

    P1160724.JPG

     

    III

     

    Dans la chaleur méridienne la ville se tait, se liquéfie avant le mistral de son souffle ne fouette son visage. Les mouettes volent bas et leur rires ôtent le sourire de la bouche des enfants. Et moi, je recueille le vent sur les dalles rouges pour que la mémoire ne consume pas ses membres dans leur chute.

     

    P1160716.JPG

     

     IV

     

    Les jours de canicule le soleil plombe le marché aux fleurs. Les iris riment avec les lis qui, dans les deux langues, parfument la vie et la mort quand ils sont déposés sur les tombes accompagnés de la cloche funèbre et de la chaleur qui surgit en même temps que l'hortensia, celle qui passionnément casse les pierres, porte fleur et feuille au devant de Sirius comme si elle mâchait le feu pour les défunts.

     

     

     

    P1160713.JPG

     

     V

     Par les rues en pente, le souffle et l'oppression des drapeaux de linge séchés sous le vent jusqu' à ce qu'une étoile scintille et que la nuit, folle d'espace,  engloutisse les parfums des boutique de savon. Lavande, miel et fleurs d'oranger gratte l'image et l'éclat de la peau écarte la parole de son chemin. Hors "noir" aucun mot n'a sa place et plus rien ne distingue le fragment de la totalité, les désirs des peines.

     

    P1160708.JPG

    VI

     La ville marque sa signature sur la haute colline de Notre Dame de la Garde. Sans refléter dans la mer, elle protège tous les marins des épidémies,  du sida,  des naufrages. Les footballeurs montent à la basilique avant les championnats, allument des cierges: Ô Sainte Marie, Mère de Dieu, fais nous gagner, nous respecterons les étrangers, chaque culture de ton rocher à toutes les places, de toutes les rues à la chambre la plus sombre. Les mouettes argentées s'élèvent de la mer tel un pèlerinage.  Une prière gutturale, un rire gémissant: Ô Sainte Marie, Mère de Dieu, sur ta couronne dorée laisse-nous faire nos petits besoins avant de plonger et qu'un éclair rédempteur nous garde dans le droit chemin.

     

    P1160721.JPG

    VII

     Derrière le port la ville change de visage. D'un côté marbre, arcade et rosace. Les buissons ardents jaillissent des murailles du fort et les grands personnages de bronze racontent l'Histoire. La foule flâne par les rues, va et vient entre les bancs et les boutiques toujours emplies. Des chanteuses d'opéra sont assises aux terrasses des cafés et les bars s'offrent aux séducteurs.

    port de Marseille.jpg

     

     De l'autre coté vers le nord dans la poussière entre murs délabrés et tas d'ordures, le quartier raconte son histoire sur la place du marché : être clandestin ou non, mais renaitre en s'improvisant chaque jour alors que se manifestent la lamentation, l'indignation et la source de pertes. Pour être un homme ici, il ne faut pas courber l'échine, mais parler haut et fort ou battre le tambour ou se battre tout simplement.

     

     

    entrée du port.JPG

     

     

                                                                    Leonor Gnos 

     

                                            ***


    MARSEILLE, LUMIÈRE BLANCHE AU COU DE TAUREAU


     

     Marseille

     

    Lumière blanche au cou de taureau,

     

    Un ciel d’huître se tord sur la ville

     

    La mer ressasse éternellement une même histoire

     

    Par delà les dômes, les pylônes

     

    la ville dort, au bord du vide

     

    Nos nuits se peuplent d’oiseaux marins

     

    Le flux, le reflux

     

    Les eaux polluées de la mémoire

     

    050.JPG

     

     

     

     

     

     

     

     

                                                   Nicolas Rouzet