Balade poétique dans le cadre des rencontres Trace de Poète
(Saumane en Vaucluse)
20 mai.
Ce dimanche matin, miraculé de l’orage qui s’était posté en cercle autour de notre groupe, et ne déclara son heure de gloire qu’en cours d’après-midi, notre petit cérémonial ambulant a bien eu lieu. Dans les alentours du château de Saumane. Deux heures durant, et un peu plus, par la grâce d’une branche d’un pin parasol ou sous la protection d’un borie, notre petite troupe a tracé sa géométrie de l’instant, savourant les haltes à écouter des mots au pied levé dont les thèmes avaient été soigneusement préparés par Olivier Bastide, comme autant de chapitres nomades. Éloge du pied, L’art de se promener, La nature notre double, On n’est jamais sûr de notre chemin, Personne ne marche par le seul pouvoir de ses pieds.
Les textes d’auteurs, les écrits de scripteurs présents ou de ceux qui avaient adressé leurs contributions furent donnés à entendre en situation avec pour auditeurs avertis fourmis, cailloux, argelas, bories et autres compagnons de route.
On crut heureux de rajouter une invention du moment : chacun convié à donner une parole qui lui viendrait au détour du parcours buissonnier.
Au retour au château de Saumane, la moisson consignée sur mon carnet de route fut reprise en écritures sur une large nappe, complétée par des inscriptions en japonais proposées par la professeur Atsuko Nagaï. Et le rouleau de ces pensées portatives fut lu par mes soins, en préambule de la performance/contre-performance B comme Bran de l’après-midi.
Pour ceux qui n’eurent pas la chance de participer à cette petite improvisation collective, voici la suite de ces quelques pensées à hauteur d’herbes.
Merci à nos marcheurs-contributeurs.
DS
Mots partagés de calade en calade
Seul le bruit des pas se mêle au son de la nature ; et l’esprit libre vagabonde.
La marche est
eau qui coule sous la terre.
Ici sous les pins, chemin faisant, je pense à mon enfant antipodique qui grimpe le Maïdo.
Autant de pas,
autant de signes
qui ensemencent la parole.
Marcher, écouter, respirer les pas entre ancrage et suspens.
Mes pieds aiment les chemins où ils cherchent en racines mouvantes tous les pas invisibles, les signes.
Iule, le mille-pattes.
De calade en calade, la transhumance de nos regards qui se dérobent.
Sur le rocher dévonien,
une fourmi
escalade un caillou-montagne.
Pas dans le sol,
Mots de peu dans le vent.
L’escargot est-il mort-né ? Coquille écrasée.
.
Nous construisons, pas à pas, le chemin de visages, de vent, poèmes des instants
qui se respirent et qui se donnent.
Bleu, jaune, blanc, rouge, rose, l’émerveillement que les fleurs apportent à ma vue.
Deux jambes, jaillies de terre, le pin à l’assaut du ciel.
Les feuilles de l’olivier millénaire murmurent notre venue dans mille ans.
Poète en pied
dans chambre d’écho,
Abri pour les oiseaux.
Les randonneurs aux arrêts : la maréchaussée ?
Les anges de la route ?
Non, cinq cétoines mordorés.
Dans les sillons de nos chemins
naissent les fleurs de nos poèmes.
Coquelicot, fleur fragile, fleur des terres pauvres,
un bouquet au bord des routes,
tu illumines notre quotidien printanier.
À l’arrivée, j’ai vu le mille-pattes au pied du mur.
Le groupe de la marche du Scriptorium de Maussade du 20 mai 2012
Atsuko, Régine, Daniel, Clotilde, Misette, Agnès, Cécile, Guy, Claudine, Dominique, Paul, Martine, Olivier, Gérard, Dominique