L’époque requiert autre chose que de fades ressassements, des discours de mise en conditionnement sur la sortie d’une crise dont nous ne savons pas même épeler le nom et qui nous tient lieu de réserve en hystérie. La vie mérite plus que joliesses en sucre, visages dépités devant une caisse d’hypermarché ou exercices douteux de mise en urne.
Devant l’enchaînement des rouages qui nous gardent collés à la métaphore de la machine, que proposer, que dire ? Nous n’avons que faire de « faire bouger les lignes » (laissons aux pêcheurs et aux poissons ce grand art) comme s’exténuent à le répéter ceux qui ont le "sentiment" de tout dans leurs commentaires journaliers.
Nous sommes démunis, c’est un fait. Un fait et une chance. La pauvreté essentielle des mots, dont le sac dans lequel nous piochons, appartient à tous. La seule question alors qui importe est la suivante : quels mots choisirons-nous pour passer le trottoir, brouiller les codes, risquer un vrai bonjour, adresser les messages personnels qui annoncent un débarquement de l’âme ?
Ce que nous voulons apprendre à vous offrir, toujours mieux : des humeurs de sacre et de massacre, spontanément distribuées. Au gré d’événements manifestes ou insoupçonnés. Tentatives d’aller visiter l’envers du décor, le trou dans la serrure, les dévastations au réveil et le génie du millimètre accompli en tenue d’insecte. Elles sont colères sans auréoles contre les lieux communs qui nous badigeonnent malgré nous ; elles s’espèrent salutaires, au moins comme les planches qui n’ont pas encore atteint leur état de moisissure sans retour.
Le Scriptorium, en doutiez-vous, est aussi un petit village latin qui résiste contre tous les envahisseurs de la parole-poésie. Pays de flèches acérées qui rêvent de surprendre un jour la surprise, sans pour autant en faire tout un plat. Terre meuble d’une caravane invisible qui passe. Geste d’insurrection des phrases et d’avènement du rire nouveau.
Un cryptorium, si l’on veut !
Pour saluer le tournant de l’année qui vient, notre vœu pour vous et vos proches est que la joie d’être ensemble circule de fond en comble, de la cave au grenier, et par toutes les trouées du jour, parce qu’entre nous et ceux qui nous rejoindront, il y a de plus en plus à voir comme à entendre et à toucher.
Dominique Sorrente
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L'AIR DU TEMPS
L'essence des mots
De la magie poétique
Est un gaz neutre
Qui prend les couleurs
Des temps d'opinion
Même quand le texte disparait
Sous prétexte d'apparence
Non conforme au désir
Ou à d'autres singularités
Des vagues de l'océan