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peinture florentine du 17ème siècle

  • PISTOIA : le temps du jumelage poétique III

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    Époque 3 -  UNE FERVEUR TOSCANE 
                               Voyage dans la peinture florentine du XVIIe siècle 
      
     
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    Pistoia : la « ville rocheuse » (évoquée par Bigongiari[1]) est au final un quadrilatère, qui a repoussé, élargi par trois fois (VIIIe, XIIe, XIVe siècle), les murailles autour de son Duomo planté au cœur : tra i palazzi che la circondano sono stato stupefatto dallo spazio della piazza.  Je ne peux dire cela qu’en italien.

     

      

    Dans l’ancien palais des évêques, entre la cathédrale San Zeno et le Baptistère de San Giovanni in Corte, cette fabuleuse collection de peintres toscans du dix-septième siècle - que Piero et Elena Bigongiari avaient rassemblée – nous fait découvrir, grâce aux commentaires stimulants de notre charmante guide, comment une « morale » pesant sur des artistes est par eux contournée. Comment l’érotique s’exprime à travers le sacré, emprunte le véhicule des tableaux religieux, actualise dans l’allure et la vêture des contemporains les commémorations, histoires et légendes, bibliques et mythologiques. Comment le symbole visuel « parle » mieux qu’un discours.

     

    baptêmeChrist_Vignali.jpgD’une intense émotion est le « Baptême du Christ » de Jacopo Vignali, où le Baptiste au  manteau rouge semble déjà comme en un bain de sang ; coquine la toile d’Agostino Melissi : « Pan e Siringa » (Syrinx : une nymphe dont le faune luxurieux apprécie les nudités - et aussi l’instrument musical du genre flûte ) ; sublimes, chez Lorenzo Lippi, les visages de l’Ange Raphaël et du jeune Tobie découpant le poisson dont les organes doivent guérir la cécité du vieux Tobie ; jolie la scène imagée/imaginée par Giovanni da San Giovanni, où Cupidon (putto traditionnel) s’amuse à chausser les souliers rouges de Vénus, qui tolère le jeu de l’enfant - le sien dans une des versions du mythe.

     

    Plus bas dans la même montée d’escalier, on avait vu le Christ anticipant son agonie au mont des Oliviers ; une sueur rouge teinte sa face aux longs cheveux bouclés, si parfaitement androgyne dans sa complète humanité ; à sa droite, c’est-à-dire à la gauche du tableau, un ange qui tient un calice ensanglanté, est attentif à un murmure que Jésus n’adresse qu’à lui-même ; il est en train de consentir à son sacrifice ; derrière lui sur son épaule gauche deux autres anges pleurent, connaissant l’imminence de la Passion ; ce chef –d’œuvre, dont Bigongiari a souligné l’« expressionnisme », est d’un Cecco Bravo qui porte bien son nom. Mais encore plus m’a frappé quand s’achevait notre visite, le somptueux tableau de Simone Pignoni, représentant David et Abigaïl, l’épouse du général Nathan que le roi enverra à la mort pour lui prendre sa place auprès de la femme désirée. N’est-il pas significatif que le thème soit si fréquent dans la peinture du siècle ? Les intrigues qui écartent de la Cour de France les maris des favorites de Louis XIV ont dû avoir leur équivalent en de nombreux Etats de l’Italie. Lumineux, tourné vers le sombre profil de son amant, le visage d’Abigaïl est d’une extraordinaire modernité, qui fait songer à celui d’une actrice de cinéma dans un film historique en couleurs dont Cécil B. De Mille aurait signé la mise en scène.
    André Ughetto


    [1] Piero Bigongiari, Una Città rocciosa, Via del Vento edizioni, 1994.

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    Peinture : Jacopo Vignali - Détail du tableau  Le baptême du Christ

    [collection Piero e Elena Bigongiari - Cassa di Risparmio di Pistoia e Pescia]

     

     

     

     

     

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    L’escalier est antre fantastique. Eux, au sombre des tableaux, veillent le temps et la mémoire. Gravir les marches côtoie d’indicibles secrets. Rance est le sang épaissi des blessures. Deux yeux sont au fond d’une assiette ; leur regard fixe un lieu que je ne définis. Les seins gonflés de vie, elle implore en retrait d’elle-même son devenir. Ce sont proies sacrificielles, enfant qui nous étonne par le jeu de son pied menu dans ce grand escarpin, l’ange et la mort nos confidents. Les corps s’envoûtent, s’enchevêtrent de stupre et de mythes que le poète dit têtes à son chevet.

     

     

    Olivier Bastide

     

     

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    Capte-moi.

    J’épouse tes marches, montée d’escaliers dans le vent et la splendeur, une à une tes salles aux avancées multipliées sous l’écho mesuré de l’objectif.

     

    Capte-moi.

    Concentration. La bouche se fait mécanique. Passation de langues – elle dit, je redis – translation d’une époque oubliée qui gouverne en convenances  le cérémonial de la brosse et du pinceau.

    Aujourd’hui, mémoire. À réveiller les silences quémandés à l’esprit dans le défilé des pas, je cherche encore  aux grands murs blancs du palais le secret des ors et des bleus de Madone, celui des regards affranchis qui parlent l’âme du maître. Là où carcans et libertés consomment leur union, la chronique des portraits donne en savants drapés de velours passions andrinoples et véhémences du corps.

    Mystère inouï de ce siècle florentin qui peint mâtines ses jouvencelles toutes nimbées de leur sainteté, qui convoque au banquet des regards la grâce toute d’offrande des carnations, dans la célébration des étoffes et des rubans, qui de ciel, qui de corail.  Mais pourquoi, au fait ?

    Le temps est celui de vivre. Cette flamme créatrice qui semble dire : de férule, je ne subirai que celle de la couleur.

     

    Capte-moi.

    Magie des ateliers d’antan où se broie dans l’ivresse voulue la fabuleuse histoire des pigments.

     

     

    Valérie Brantôme

     

     

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    Peinture : Mario Balassi - Détail du tableau  Santa Reparata