affiche réalisée par Colette Papilleau
On est dans le thème
Parfois les mains se laissent aller
à ne plus applaudir.
Les chenilles processionnaires
retournent se cacher
dans la tignasse du pin parasol.
Quelques corps s’affalent
sur un tapis
qui n’a pas encore appris à voler.
C’est fin juin, passé midi le juste.
Ça canicule sévère, on est dehors pourtant.
Il y a du courage dans l’air,
mais ça ne se voit pas.
Les guimauves remuent dans le sac,
à l’affût, pour récompenser
les parleurs extravagants
qui ouvriront la bouche aux poèmes
sans gober les insectes.
Parfois on flotte
en pensée, en action, par souplesse
et par déraison.
On flotte encore,
et on apprend la dérive de dire
comme celle de se taire.
À d’autres,
le travail forcené
d’un orchestre
qui éclabousse en sepia à l’autre bout du jardin.
Parfois on vit
assis ou allongés, droits ou tordus.
On tient en équilibre,
jouant au mistigri des phrases
ou lançant des mots acrobates.
Pas gigotage, pas ronflerie,
pas mêle-de-tout,
on est là en suspens. À quelques pas
des agrès des enfants.
Quand plus rien ne nous empêche
de laisser l’arbre grandir en nous,
on appelle cela
la sieste poétique.
Et personne,
vraiment personne
n’est obligé de nous croire.
Dominique Sorrente
Jardin de la Colline Puget,
MARSEILLE
29 juin 2019
Les Scripteurs du jour, revenus de sieste
(Marie Ginet, Emmanuelle Sarrouy, Nicolas Rouzet,
Dominique Sorrente, Franck Merger, Delphine Segond, Myriam Eck )
- photo Medjina au retour du tourniquet
Commentaires
Une belle manière, Dominique, de faire vivre ce moment...
C'est juste qu'il y avait comme une souplesse verbale et flottante ce samedi avec le souffle de la canicule...