Et toi,
par cette nuit qui vient frapper à la tourbe vive de tes os,
ta seule tâche est de tendre la main vers le crayon
resté en attente comme un petit coursier sous le vent.
De le saisir et de l’éperonner.
Afin qu’il te prenne à vive allure, à la poursuite de la brûlante vie dont les feux sont encore invisibles et que tu découvriras sur ta route
dans le déroulement des temps.
Que ton cheval emballé mette son galop au diapason du soleil et irradie de lumière tout un troupeau en marche.
Prends la page blanche comme la peau d’un tambour.
Frappe-la doucement. À l’égal de gouttes de pluie.
Ces petits riens que sont les mots, comme une averse provisoire.
Ici bat un pouls minuscule.
Tes peurs se sont évaporées.
Minuit fidèle sonne et sépare les douleurs, cloche de nuit,
troubadour de l’axe lunaire
trop vite disparu dans l’air
et pourtant frappeur infatigable des heures.
Écris de nuit les yeux fermés, écris jusqu’au rire de chute.
Tous feux éteints, jusqu’à un improbable repos.
LAURENCE VERREY