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Les feuillets de poésie - Page 12

  • Frontière de l'absence

     

     

     

    Femme de l'absence

    Femme assoiffée

     

     

    Où sont tes mots ?

     

     

    Le vide creuse sa morsure au ventre de l'âme

    le feu remonte la gorge

    sel au bord des paupières

     

     

    Quel est ton nom ?

     

     

    La lame t'aspire vers l'abîme

    Avant la parole

    Avant le souffle          Avant

    le regard

     

     

    Quel est ton cri ?

     

    L'inutile

      

    Ph Serge Vincenti.jpg

     

     

     

    Le soleil

    s'est fait nuée noire

     

     

    Où vas-tu ?

     

    Je cherche un pays perdu

     

     

    Filigrane du doute

    Les désirs s'altèrent dans une nuit marine

    Le pas se fige dans une douleur calcaire

     

     

    Intégrité broyée

    Mort ébréchée

     

    L’écriture  redresse l'abîme

     

     

     

    Geneviève Bertrand

    (extrait de Frontière de l'absenceÉclats d'encre, 2008)

     

     

  • « Pour renverser le mouvement de l'entropie »

     

     

    Béatrice Machet - Extraits  de DER de DRE.

      

     

    comme der de der, la dernière de toutes les guerres...

    et l'on sait bien que depuis cette fameuse guerre le monde

     n'est plus que bombardements, massacres, viols, tortures, déportations,

    camps, exodes, murs et frontières, .....

    comme dernière époque d'une planète terre habitable

    puisque polluée et surpeuplée

     

    der de dre pour jouer avec les verbes et les néologismes

    qui au delà du jeu donnent force et régénèrent l'usure du vocabulaire

     

    der commme ouvert

    dre comme fermé

    der inaugure

    dre répète et décale, offre l'écart dans lequel le sens et

    la langue vivent d'une autonomie nouvelle

     

    passer de der à dre pour renverser le mouvement de

    l'entropie, enrayer son mode de relation qui dévoie.

     

    Der et dre pour conserver la capacité de s'insurger et de

    s'émerveiller, malgré ce qu'on a vécu, ce  qu'on vit, ce

    qu'on sait du monde comme il va.

     

     

     

                                                              I                                   

     

     

    fondre et fonder : deux verbes ; premier groupe, troisième groupe, au pluriel se conguguent de manière jumelle, et comme tous bons jumeaux ne sont pas mêmes. Pas de sens à clôner, mais de la fondation à la fusion quand nous fondons, que vous fondez, l'esprit d'amour dans la langue s'essaie   au bien faire....

     

     

     

    on voudrait  dé-dier le dire

     

    on voudrait dé-lier le lire

     

          le faire vent

     

    l'ardeur sans gorge sèche

    l'argile et sa chaleur car souffle humide

    tendre mousson

     

                                   fervente

     

     

    n'en pouvant plus de trébucher  la langue en son donn-aime

    me refuse un dom-aine

     

                                            et c'est très bien ainsi

     

     

     

    plaider               inconnu devant

    embrigader        inconnu derrière

     

                 poussières poussières            imaginer qu'elles n'aient pas d'âge

     

     

    la lumière ne se détourne pas

    les lieux voyagent avec elle       qui est passage 

                                    n'a pas d'envers       crée du lien sans fixer

     

     

     

    mine de fil à plomb

    pesanteur au visage

    guigne à guigne le regard gagne    et rebondit mollement

    tandis que grogne la gorge

    des tourbes dans le ventre

                                                      badigeon de sommeil

     

                         goutte grave et de guingois le bégaiement

                                                  halo gommant la netteté

                                          à contre courant répare la voie

     

    n'en pouvant plus

                              

     

     

                             portion congrue            grandeur nature   

     

    et c'est très bien ainsi

     

     

     

     

    Descendez la cendre

    et scandez la scandre  sans craindre la représaille

    la cisailler

     

                              là peindre sans représenter

    défier le mythe     barbouiller  façon pastrouille

                le symbole s'en est allé         mironton mironton mirontaine

     

     

    s'écaille            et mal calé      tombe     retombe         lourd de sa prétention

     

     

    reprendre à partir de répondre       qui donne le la ?

    tache d'huile se répand   de der en dre

    ça filandre           ça filangue          ça in-fidèle à partir de sa foi

     

     

    les usages      les usagés          s'en vont vers la vallée

              là haut    perdu(e)   mais pas mort(e)        sus-pendu(e)  

                            tissu-langué  l'ancêtre-linge  

     

    glissade du que au che passe à l'anglois  éternué            tche

    postillons d'essentiels                     ils ont soulevé la question

    gendre ou gender?           ainsi les faux amis genre der de dre

     

    DerdeDRE rouge.jpg

    Béatrice Machet

     

    DER DE DRE,

    publié chez VOIX éditions (2008), dans la collection Vents contraires.

    ISBN 2-914640-80-3

     

     

     

     

  • Fragments sorrentins

     

    Derrière les volets gris

     

     

    PhotoDS.JPG

     

     

     

    Autrefois, la terre était la terre qui emporte tout sur son passage,

    et la terre passait.

    Demain, si proche, n'est-ce pas la terre, elle-même, qui est emportée ?

    Je voudrais ici sur parole ne pas être cru.

                                    

     

                                                                *

     

    Et sur parole encore.

    Les vraies questions : celles qui s'ouvrent à la lumière

    et glissent sous la porte, au matin.

    Les vraies réponses : celles qui savent dans un fossé du soir

    perdre leur temps.

     

                                                              *

     

    Je plaide pour des utilités sans gloire et sans armure,

    celle des bulles de savon, par exemple.

     

    Elles, du moins,  savent s'envoler en demandant : quelle est l'utilité

    de vos utilités ?

    Et il n'est pas  nécessaire de chercher à les retenir.

     

     

                                                               *

     

    Sur la fenêtre, une déesse à la cognée.

     

    Sa mémoire a fermé les portes à double tour,

    pour s'endormir dans la fontaine.

     

    Là, je bois comme j'écris.

     

    D'une gorgée à l'autre, remontant vers le signe d'abondance,

    sous le paraphe des orangers.

     

                                            *

     

     

    Le monde : tu peux l'appeler ainsi sous l'acacia qui dure.

    Il est fait d'étoiles filantes et de mousses, de fourmis  et d'anges gardiens,

    de rues ouvrant sur des fleuves, de limites et de franchissements.

     

    Une partition qui se donne à portée du premier regard innocent venu.

     

                                                        *

     

    J'aime les yeux qui demandent ce qu'ils savent déjà.

    Comme une promesse faisant retour.

                                                                      

                                                        *

     

    Cette limite inconnue qui nous raconte, jour après jour.

     

    Ce chant lacunaire où nous tentons des bribes, avec nos gorges d'assoiffés.

                                                  

                                                     *

     

    Dommage parfois de ne pas savoir saluer à sa juste valeur d'oiseau divin

    un geste de sportivité au milieu des roses.

     

    Comme refermer en plein soleil les volets gris pour libérer le paysage.

     

     

    Dominique Sorrente

      (Inédit 2006)